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DÉPOLLIER Georges François 1921 - 1996


Né le 6 juin 1921 à ALLONZIER La CAILLE (Haute-Savoie).

Décédé le 14 avril 1996 à SCIEZ (Haute-Savoie).

Fils de Jean Marie DÉPOLLIER et de Marie X

Publication 28 Janvier 2024- Mise à jour Novembre 2024

Chef de char du MARENGO - 2ème Peloton
.

Sources: Reproduction - Mémoires De DÉPOLLIER Georges (son carnet de notes).

31 août au 9 septembre 1944. MERS EL KEBIR. Embarquement du matériel – Départ d’Afrique du Nord – En Mer - Au large de la SARDAIGNE (la tempête, l’amarrage des chars)  - Le calme et les côtes de France.

9 septembre au 19 septembre 1944. La NARTELLE (SAINT TROPEZ) - Le débarquement - Le regard sur les précédents combats et le matériel allemand abandonné - Les  itinéraires et bivouacs de COGOLIN (Var) jusqu’à PRISSE(Saône et Loire).

20 septembre au 24 septembre 1944. Après un repos à PRISSE et la prise d’armes à MACON (Saône et Loire); la poursuite de la progression du régiment dans la vallée du Rhône jusqu’à LURE (Saône et Loire).

25 au 28 septembre 1944. Le régiment est en position défensive. Le 3ème escadron est au col de la CHEVESTRAYIE à FRESSE(massif des Vosges) pour les premiers combats. L’adjudant BELLOT, le Maréchal des Logis DARME et le chasseur RUIZ sont tués, sont blessés FEAUET, LECKE, SEITZ CANADAS, RODRIGUEZ, NATALY, DESJARDIN et MARTIN.

3 au 7 octobre 1944. Départ de LURE pour SERVANCE (Saône et Loire). Poursuite des combats avec des échanges de tirs sur les positions allemandes et Pluie d’obus ennemis qui ne font pas de blessé, mais qui détruisent mon matériel de toilette et linge.

8 au 21 octobre 1944. TERRIER est légèrement blessé à la tête par un éclat. Mouvement à la CORBIERE pour repos. On apprend l’accident de NICOT. On part de la CORBIERE pour le col du MESNIL.

Itinéraire : BOUCHOTTE, FAUCOGNEY, RUPT, RAMONCHAMP,REMIREMONT, VAGNEY, THIEFOSSE, SAULXURES, TRAVEXIN. Le col du MESNIL.

NOTE. A CORNIMONT, le maréchal des Logis René NICOT Chef de char du LIMOGES (2ème escadron) est tué. Il s’agit du col du MENIL massif des Vosges. (THILLOT-CORNIMONT).

22 octobre au 14 novembre 1944. Les équipages restent toute la journée du 22 Octobre dans les chars afin de ne pas être repérés. Le soir et jusqu’au 24, ils prennent position dans une carrière. Départ pour THIEFOSSE. Itinéraire : REMIREMONT, Val d’AJOL, SAINT COUP, CONFLANS, MEURCOURT et VELARCEY. Repos.

15 au 18 novembre 1944. Départ pour VELLEVAUX Via MEURCOURT, SAULX Les VESOULS, EROTAY, QUINCEY, VILLERSXEL, BAUMES Les DAMES, PONT Les MOULINS,PASSAVANT,VANDEVILLIERS, VELLEVAUX et TOURNEDOS. Après un arrêt d’un heure, affrontement à ECOT en direction de BERCHE, le char DENAIN est mis en flammes, l’équipage est indemne.

Le 16 novembre « Le soir on couche à ECOT. Les morts allemands emplissent le
patelin. Ce n'est guère beau à voir ». Le 17 novembre « On réintègre le 2ème peloton. On attaque et nous arrivons sans encombre à la côte 421 en vue de VOUJEAUCOURT et BERCHEV  L'objectif est atteint »

Sous un froide de canard et la pluie, départ pour BLAMONT. Itinéraire : Sud de VILLARS, GOUR, DOUBLIN, Pont de ROIDE et BLAMONT.

Après les pleins nouveau départ pour CROIX via CLAY, MESLIERS, ABBEVILLERS et CROIX.

NOTE : Le 15 Novembre 1944 l’ensemble du régiment est en route pour la région de CHAZOT, il doit appuyer l’action de dégagement de la bouche du Doubs. Les  escadrons D’USSEL et LAMBILLY participent aux opérations de la 9ème D.I.C).

18 novembre 1944. Le régiment doit forcer la passage de la LARGUE afin d’amorcer le débordement de MULHOUSE.

Itinéraire : CROIX, SAINT DIZIER, DELLE, PARVERAIS, COURTELEVANT, SEPPOIS, OBERDORF, GRENTZINGEN , YLLERS, HUNDSBACH, JETTINGEN, HELFRANZKIRCH, BARTENHEIM et ROSEAU.

Le groupement sur SEPPOIS, livre un court mais brutal combat, puis continue sur BISSEL où il rencontre à nouveau une vive résistance qu’il réduit.

«Sans attendre le nettoyage de cette localité il continue sa marche sans désemparer, semant la panique parmi les éléments ennemis éparpillés sur son itinéraire. C'est avec tous ses phares allumés que le groupement GARDY, peloton de LOISY en tête, atteint le Rhin à ROSEAU. Il est 17h30. Dans la nuit tombante les habitants surpris regardent avec étonnement passer cette colonne blindée.

NOTE : ROSENAU.(Orthographe).

Lorsqu'ils s'aperçoivent que ce sont des chars français ils manifestent une joie délirante et font au détachement un accueil inoubliable. C'était le 19 novembre 1944 que le peloton de Loisy de l'escadron de LAMBILLY a atteint le Rhin, 1er de l'armée française pour la plus grande gloire du 2ème R.C.A.»

20 novembre 1944. «Le groupement prend immédiatement la direction de MULHOUSE. Après une vigoureuse action sur les lisières des faubourgs Sud de MULHOUSE pénètre dans l'agglomération peloton COQUARD en tête. 

De gauche à droite; DESAIRE COQUART-BALTZER-MISSEY. Sources DESAIRE Alfred - Photographie.

La nuit tombe et il est difficile de conserver une bonne direction. Heureusement un courageux F.F.I. alsacien, Arthur BROBST s'offre comme guide. Le groupement atteint le canal du Rhône au Rhin aux abords de la gare centrale et met la main sur le pont d’Altkirch intact. commandant GARDY installe son PC dans l'ancienne poste militaire allemande dont le personnel surpris vient de décamper.

Le char PRAGUE de l'escadron de LAMBILLY est allé dans la nuit reconnaître les ponts sur le canal à proximité de la gare. Au moment où il s'engage sur le pont intact, le pont saute et le char tombe de cinq mètres de hauteur dans le canal. Le conducteur est tué et les autres membres de l'équipage sont rescapés par miracle. La nuit se passe sans incidents»

NOTE. Le PRAGUE. 1er peloton. Chef de char DENIER Paul. (Après la mise haut de combat du DENAIN). Conducteur TORA Augustin.

21 novembre 1944. « Le groupement GARDY, peloton de LOISY en tête fait irruption dans MULHOUSE au lever du jour. II traverse la ville très rapidement du Sud au Nord et se porte vers les ponts sur la DOLLER qu'il prend intacts. Au cours de cette progression il attaque à la mitrailleuse des détachements allemands complètement surpris et les décime. L'ennemi retranché dans les bâtiments militaires prend sous son feu ceux qui tentent de s'approcher.

Le chef d'escadron GARDY passant devant la Caserne COEHORM en half-track est pris sous une rafale de balles incendiaires. Le véhicule prend feu le commandant est blessé d'une balle dans la jambe et deux chasseurs sont atteints. Au pont sur le canal de décharge, le char du lieutenant de LOISY reçoit un coup de Panzer Faust qui lui coupe une chenille. Le tireur allemand est décapité par un obus.

Le char est rapidement réparé grâce à l'équipage du RIVOLI (M.d.L LAROCHE) qui prête la main tandis que je surveille le pont avec le MARENGO.

Réparation terminée nous poursuivons notre avance jusqu'à KINGERSHEIM où le commandant nous fait stopper et revenir au pont de la DOLLER que je serai seul à garder. Le F.F.I. qui m'a servi de guide et qui a été blessé lors d'un tir sur la caserne COEHORM par le recul du 75 passe sur l’AUSTERLITZ du lieutenant de Loisy avec qui il continuera de servir de guide.

À midi je suis relevé au pont sur la DOLLER pour aller attaquer les arrières de COEHORM et surtout empêcher les allemands de sortir. Là je suis blessé et soigné par les hommes du commandant GARDY avec les moyens dont nous disposions (pansement individuel). Je reprends le commandement de mon char et ce n'est que le soir que n'en pouvant plus une Jeep vient me chercher pour me conduire à l'infirmerie et ensuite à l'hôpital, le bras et l'épaule traversés par balle et éclats ».

novembre 1944. « À L'hôpital ce sont des médecins allemands qui pratiquement ne s'occupent pas de nous. L'hôpital subit un tir de mortier allemand, les vitres volent en éclats, je reste dans mon lit ne voulant pas être descendu aux sous-sols ».

23 novembre 1944. « On nous charge dans des G.M.C., d'autres en ambulance pour partir en direction de BELFORT Hélas nous sommes obligés de nous réfugier dans ce qui devait être un préventorium car une colonne de S.S. qui cherche à rejoindre l’Allemagne nous empêche de continuer. Refoulés par la Suisse, ils retournent dans les Vosges et il faudra attendre le 25 novembre pour regagner BELFORT qui vient de tomber aux mains des français. Les hôpitaux sont pleins à craquer. On nous sert un thé chaud, on nous change de véhicule et nous voilà repartis pour BESANÇON.

26 au 29 novembre 1944. Je passe la visite. Je suis radiographié l'après-midi, j'ai un éclat dans le bras et un plus petit dans l'épaule. Le 28 à 11h30, je suis opéré par le docteur GOZLAND.

Le 29, J'apprends par le M.d.L FROMONT également blessé que le lieutenant Jean de LOISY a été tué, que son conducteur gravement blessé est ici aussi et mourra peu après. Seul l'aide conducteur BEVILLON s'en est sorti. C'est pour moi une très grave perte »

NOTE : 23 novembre 1944.A la caserne LEFBVRE (MULHOUSE) le char AUSTERLITZ est atteint par un Panzer Faust. Le lieutenant Jean de LOISY et le brigadier Georges CORMY sont tués.

29 janvier 1945. « Je pars pour rejoindre le 2ème  R. C.A. en Alsace, convalescence suspendue (attaque de von RUNDSTETT dans les Ardennes). Le voyage ne sera pas fait sans péripéties car les trains sont bondés, heureusement que le fourgon bagages peut en dépanner quelques-uns et ce n'est que le 6 février que j'arrive au PC du 4ème escadron où je retrouve mon équipage qui a pour chef de char un camarade d'École Supérieure le MdL Alfred DÉSAIRE.

Comme après la visite médicale je suis déclaré exempt de service et aux soins, mes blessures n'étant pas cicatrisées, le capitaine de LAMBILLY ne me redonne pas de char. Je participe néanmoins en tant que volontaire à la liquidation de la poche de Colmar avec le half-track de dépannage.

L'escadron descend au repos à GANDOLSHEIM. Je suis envoyé à l'école des cadres de ROUFFACH. A la visite médicale je suis reconnu inapte et renvoyé au corps avec un mois de repos au corps.

À ne rien faire on s'ennuie et j'accepte la proposition du capitaine de faire l'instruction des jeunes qui se sont engagés volontaires voici peu de temps »

3 au 11 avril 1945. « L’escadron quitte GANDOLSHEIM pour COLMAR. Le 9 « Je suis envoyé à BELFORT pour ramener des chars qui vont remplacer ceux qui ont été détruits. Je rejoins l'escadron à OBERNAI ». Le 11. « On quitte Obernai en direction de l'Allemagne ».

12  au 14 avril 1945. Itinéraire : OBERNAI, MOLSHEIM, MUTZIG, STRASBOURG, BRUMATH, HAGUENAU, SOULTZ, WISSEMBOURG, KANDEL, OFFENBACH, CARTHEIM, VESTHEIM, Pont de GUEMERSHEIM et KARLSRUHE.

«À STRASBOURG, un pont de bois s'est effondré sous le poids de mon char et nous avons chuté dans le lit d'un canal. Pas de mal de personne mais il faudra 2 Welcker et 1 Recovery (M 31) pour nous tirer de ce mauvais pas. Nous avons perdu une journée et il a fallu mettre les bouchées doubles pour rejoindre de nuit ».

NOTE. Les Sherman du régiment traversent le Rhin pour entrer en Allemagne au pont de GERMERSHEIM (orthographe) - Land allemand de RHÉMANIE-PALATINAT

Le 1er escadron passe le Rhin au pont de MAXIMILIANSAU.

Les 13 -14 MAGGENSTHEIM, ZINZEN, HAUDBACH, BUHL et ACHENAU.

SUTZBACH, WAGGSUT, RENCHEN, ERLACH et APPENWEIER.

15 et 16 avril 1945. OFFENBURG. Le 15. « Au cours de ce périple, étant char de pointe, j'ai dû détruire une arme antichar (75mm PAK) pour que l'escadron puisse poursuivre sa route. C'était à RENCHEN. Au cours d'un engagement un obus a décapité un chêne sous lequel j'étais camouflé. Une énorme branche est tombée sur le canon et m'a fait sauter les pignons d'entraînement de la tourelle ».

Le 16. « Mon char étant pratiquement inopérant, j'étais en queue de peloton quand le MdL VIAL (M 4 SAINT GERARD) a reçu une balle qui lui a traversé le poignet. II a dû quitter le char et sur ordre du capitaine je suis allé le remplacer comme char de pointe ».

NOTE : Maréchal des Logis Max VIALE (Orthographe).

17 au 26 avril 1945. « À HASBACH étant char de pointe, je tombe sur un blockhaus, un obus et le canon allemand est détruit mais un peu après, arrivé à hauteur du blockhaus, je saute sur un barrage de mines. Tout le train de roulement côté gauche est pulvérisé, le char se couche dans le fossé. Nous devons tuer des tireurs camouflés pour pouvoir ensuite faire prisonniers les gars du blockhaus (15 personnes) et nous n'étions que cinq.

NOTE : HASLACH. (HASBACH est une ville plus au nord (370 km environ)

Le peloton d'attaque a été relevé et remplacé et au village suivant, c'est le char du M.d.L COQUILLEAU* qui est atteint et son chef gravement blessé. Nous attendrons jusqu'au soir avant d'être tiré de cet endroit et conduit à la caserne de FREIBURG où deux chars (M.d.L AUGY** et Brigadier-chef WEINGARTNER) nous attendent, leurs chars étant comme le mien, « Foutus ». Je rentre au GERD où je reste jusqu'au 26 avril ».

* NOTE : Le Maréchal des Logis COQUILLEAU (erreur Sous-lieutenant) ne figure pas sur la liste des blessés du régiment (Ouvrage 2° R.C.A au combat 1942 -1945), Confusion il s'agit probablement du lieutenant COQUART chef de char du DENAIN (blessé) dont le char a été effectivement mis hors de combat ce 17 avril 1945.

**NOTE :Maréchal des Logis AUGY. Plausiblement HENGY.

26 au 30 avril 1945. « Ayant récupéré une petite voiture DKW, 2 cylindres, 2 temps, je pars avec le M.d.L AUGY pour rejoindre l'escadron et le lendemain avec la camionnette Hansa Lloyd je vais récupérer les deux équipages qui ne servent à rien à FREIBURG et le 30 on arrive à destination à VURZACH » .

1er au 13 mai 1945. « On va relever le maréchal des Logis MISSEY à HERBERTINGEN. Le 4. On rentre au GERD à SCHUSSENRIED. Le 6. Je me rends à l’escadron à moto chercher le courrier. Le 12. On quitte OFFENBURG pour STRASBOURG où on laisse le matériel ».

17 au 20 mai 1945. « On quitte STRASBOURG pour LANDAU où j'apprends que je dois quitter le régiment pour rejoindre le 4ème  Cuirassier avec d'autres camarades : BOHINAUST - WEINGARTNER - MORCUAD, etc..

Encadrement de la nouvelle division en formation.

Photographie GALFINGUE 1986. Commémoration - Sources DESAIRE Alfred

ROUGÉ - RUBIO - X - DESAIRE - DENIER -JOLLET - X -  DÉPOLLIER – X 

X - HENGY – BOURDIN - BROTOUS

Le 20. On quitte l'Allemagne pour STRASBOURG, PARIS où nous restons une journée et VENDÔME. 

Le 22. Arrivée de nuit à VENDÔME. Le lendemain, je présente le détachement au colonel qui à ma demande nous accorde 15 jours de permission ».

 18 juin 1945. Je rentre au 1er Escadron où je suis chef de peloton au PHR. Je m'occupe en particulier du matériel roulant : camion, auto, moto, side-car.

Je m'occupe également du ravitaillement, ce qui me permet d'être souvent de sortie. Je vais à Orléans où je retrouve le capitaine de CHARNACÉ, le Maréchal des Logis Chef BERSBOD, DARMAN qui comme moi ont été versés à l'encadrement d'un autre régiment blindé. Je reste à VENDÔME jusqu'en Septembre.

NOTE : GAUTHIER De CHARNACÉ Bernard. Chef d’escadron au 2ème RCA (1943-1944)

Le capitaine me conduit à ORLEANS où je suis démobilisé à compter du 20 septembre 1945. Je rentre en Haute Savoie. Ma vie militaire est terminée.

Recherches infructueuses sur son parcours professionnel après son retour dans Sa région natale.

14 avril 1996. DÉPOLLIER Georges repose au cimetière communale de SCIEZ (Haute-Savoie) auprès de son épouse Jeannine née DESCHASEAUX (1924-2014). 

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