Le 21 avril 1945, Le colonel de LEPINAY prend le commandement du groupement LAURENT et du groupement DABOVAL. Ils doivent agir respectivement, l’un le long du canal LEOPOLD, l’autre par la grande route.
NOTE : DABOVAL Maurice Marius Gaston (1907 - 1990) - Commandant le 2ème Bataillon du 6ème Régiment d’Infanterie Coloniale. - Général de Brigade - Parrain de la 30ème Promotion (1990-1992 de l’école Militaire interarmes de SAINT CYR. « Ce sont les actes, non les paroles qui font la loyauté.
Le groupement LAURENT nettoie successivement les villages situés au sud-ouest d’EMMENDIGEN et atteint FRIBOURG avec son peloton de tête à la nuit.
L’escadron VIE a réussi à se dégager de son itinéraire
montagneux et trouvant un gué à NIEDERSEXAU il a foncé sur FRIBOURG après une
lutte sévère à DENZLINGEN, puis à GUNDELFINGEN. Il entre dans les faubourgs nord de
FRIBOURG.
Au soir, le groupement PETIT
tient les ponts sur le canal, la gare ; le peloton De SAINT-PEREUSE a
rempli admirablement sa mission et à contribué à la capture de nombreux
prisonniers et à la destruction de nombreux nids de résistance.
SOURCES :
Ouvrage 2ème Régiment de Chasseurs d’Afrique au combat 1942 - 1945
Page 49.
Dans la matinée, le sous - groupement PETIT atteint la ligne BURKLEIM, ENDIGEN, RIEGEL. Le sous - groupement De LEPINAY s’empare d’EMMENDINGEN et, franchissant l’ELZ à TENINGEN, pousse jusqu’à WASSER.
En début d’après-midi, l’ennemi ayant pratiquement évacué le massif du Kaiserstuhl, le Combat Command3 reçoit la mission de déborder le massif par l’est et de s’emparer de FRIBOURG.
Le char Rennes dans FRIBOURG - Sources :
Ouvrage 2ème R.C.A au combat 1942 - 1945
Le sous - groupement PETIT entre à 14h00 dans les faubourgs nord et le sous - groupement De LEPINAY à 21h00 par l’ouest de la ville. À 22h00 FRIBOURG est entièrement occupé.
SOURCES : Éric de FLEURIAN - 2018 - Le
Parcours de guerre du 2ème Bataillon de zouaves.
21 avril 1945 - Bade Wurtemberg - FRIBOURG - 1er
Escadron.
Nous rejoignons l’escadron à KENZINGEN. L’adjudant -chef **qui avait été
légèrement blessé est de nouveau à la tête du peloton. Immédiatement nous nous
mettons au travail et nous faisons quelques reconnaissances.
NOTE : Adjudant-Chef BEAUSSIRE - Chef de peloton Blessé lors des
combats de KÜRZELL le 15 avril 1945. En portant secours aux équipages de son
peloton.
Nous partons sur FRIBOURG, les gars de la coloniale qui nous accompagnent, grimpés sur les chars sont épatants, chaque fois qu’un fourré, une tranchée ou un accident quelconque de la nature, semble une menace pour nous, sautent du char et, sous la protection de nos mitrailleuses, fouillent les abords immédiats de la route, puis grimpent à nouveau sur le char et nous continuons.
Il est 18 heures, nous sommes les premiers à entrer à FRIBOURG. L’adjudant-chef BEAUSSIRE est fait « Duc de FRIBOURG » par le capitaine*** « mais le capitaine n’est pas NAPOLEON pour que le titre soit « valable "
1er escadron à FRIBOURG.
DEMARZY jean
(lunettes) - ANTONY Mathieu (Debout à gauche)
SOURCES ANTONI Mathieu
- collection privée.
NOTE : Capitaine De NAUROIS commandant le 1er escadron.
Nous nous arrêtons dans un faubourg car la nuit tombe et il faut attendre
les renforts. Nous prenons position, avec la coloniale, devant une épicerie,
nous en profitons pour faire des provisions de beurre (synthétique) et de
margarine.
Les consignes de garde sont extrêmement sévères, on tire sans préavis sur
quiconque se présente. Les « boches » ne savent pas que nous sommes
en ville, le silence est donc de rigueur, il faut qu’ils soient surpris demain
matin, au lever du jour !
SOURCES : Mémoires MEYERE René (membre du 1er escadron) - Pages 74 -75 carnet de route.
21 avril 1945 - Bade Wurtemberg - FRIBOURG - 3ème ESCADRON - Hors peloton BERNARD.
Après une nuit calme, la progression reprend le 21 en
direction de SEXAU. Au débouché des bois, le peloton SAINT-PEREUSE a pris la
tête avec deux sections de la compagnie D’IVOIRE dont les half-tracks
s’intercalent entre les chars pour en assurer la protection approchée. Un
groupe du génie est également là.
Les ponts sur l’ELZ sont sautés mais les half-tracks ainsi
que les chars réussissent à passer à gué. On pénètre presque sans coup férir
dans DENZLINGEN mais dès la sortie du village, les armes automatiques et les
tireurs isolés deviennent de plus en plus nombreux.
GUNDELFINGEN est enlevé, les résistances augmentent ;
beaucoup postées sur le flanc de la montagne ne sont pas repérées mais FRIBOURG
est proche et nous voulons y rentrer à tout prix le jour même. Dans ZAHRINGEN,
faubourg de FRIBOURG, les zouaves mettent pied à terre et progressent autour
des chars.
Le Savoie et le Roussillon signalent qu’ils n’ont plus qu’une douzaine
d’obus explosifs. Le Morbihan passe alors en
tête suivi du Maroc sur lequel se trouve le chef
de peloton qui a dû changer de char pour des raisons de radio.
Une compagnie de coloniaux qui nous a suivis a également mis pied à terre et agît sur un axe plus à gauche. Ils demandent un char ; le Roussillon et le Savoie sont mis à leur disposition, tandis que les trois autres chars dans un vacarme d’enfer progressent lentement sous une pluie d’orage, entourés de zouaves qui surveillent les fenêtres et tous les emplacements éventuels de panzer Faust.
Des coups de tonnerre se mêlent au fracas du combat. Des incendies se lèvent vers le ciel et quelques formidables explosions dans la ville que les allemands effectuent des destructions.
Des éléments du C.C.3 dans FRIBOURG. (Au premier plan). Kaiser Joseph - Straße , Blick nach Süden zum Martinstor, 1945.
Un français qui était prisonnier dans FRIBOURG, heureux de
reprendre les armes, s’offre à nous guider et, par la Kandelstrasse et la
Lortzingstrasse, nous conduit à un passage sous un pont de chemin de fer et
débouche dans la Bismarckstrasse. Un Panzerfaust tire devant le Morbihan, n’éclate pas. On arrive à la place de la
gare où l’on décide de s’arrêter ; le Morbihan interdit
la Wilhemstrasse, le Moselle la Bismarckstrasse
et le Maroc l’Eisenbahnstrasse. Autour d’eux les
zouaves les protègent. Deux ou trois français déportés dans FRIBOURG viennent
nous offrir leurs services, fous de joie d’être libérés par des français.
Le Moselle entre en
communication avec le Lorraine :
« Nous installons point d’appui ferme à la gare en attendant renforts pour
occuper la ville. Peut-on espérer avant la ville ? Il n’est pas 7
heures » Le capitaine VIE en réfère au commandant PETIT qui n’hésite pas
une seconde et dit « On fonce à la gare » une heure et demie après,
tout le groupement passe à la gare et se répand dans les divers quartiers de la
ville.
Toutes les autorités civiles ont fui. Le commandant PETIT
avec le capitaine VIE et quelques officiers se rendent à l’Archevêché pour
signaler à la seule autorité allemande restée dans FRIBOURG, que la ville est
aux mains des français.
SOURCES : Ouvrage 2ème
Régiment de Chasseurs d’Afrique au combat 1942 - 1945. Page 55.
21 Avril 1945 - Bade Wurtemberg - ROTTWEI - TUTLINGEN - ALSTHAUSEN - PELOTON BERNARD (3ème escadron - Groupement De LABARTHE).
Au matin, en route pour ROTTWEIL où l’on nous signale des SS décidés à nous créer, parait-il, des ennuis… Nous abordons ce centre sans incident et nous ne remarquons rien de spécial si ce n’est une multitude de drapeaux blancs.
Peu après, TROSSINGEN est atteint
et nous apprenons que si tout continue à aller aussi bien, le Danube sera en
vue ce soir…Bon Dieu ... ça nous fait quelques choses… Au haut d’une crête, les
jeeps de tête réclament les chars. En effet, là-bas à la corne du bois, une
forme grise attire l’attention du Béarn et
de l’Ile de France… mais ce n’est qu’un
vulgaire camion. Néanmoins le Béarn va
reconnaître le coin. Il arrive à la crête sans encombre, mais essuie là-haut
deux perforants qui heureusement le ratent…
Entre temps, la colonne a démarré. L’Ile de France part chercher le Béarn.
Et nous voilà redescendant à pleine vitesse pour rattraper la colonne. À ce
moment-là, nous ne sommes plus que 3 chars, le Franche-Comté
et un engin du 2° cuirassier étant tombés en panne.
Nous retrouvons la colonne arrêtée à deux kilomètres de TUTLINGEN et réclamant le secours de chars. Deux jeeps de tête viennent en effet d’être mises hors de combat par des armes automatiques qui interdisent l’entrée de la ville.
Le Joubert,
l’Ile de France et le Béarn s’avancent et bien en vue, car il n’y avait pas
moyen de faire autrement, prennent à partie les charmantes villas et les
couverts formant les lisières de la ville. En même temps, nous amorçons une
spectaculaire manœuvre en ligne à travers champs, tout en matraquant ferme tout
ce qui se présente.
NOTE : Le Joubert n’est pas répertorié
comme un char du 2ème Régiment de Chasseurs d’Afrique, bien
qu’identifié (3ème escadron) sur le site « Chars Français -
Administrateur Antoine MISNER. Il peut s’agir d’un char du 2ème
cuirassiers (peloton impliqués dans les combats).
Les mitrailleuses se sont tues, et l’entrée paraît
maintenant dégagée. Nous nous postons à hauteur des premières maisons et
attendons la venue des éléments à pied pour s’engager dans les rues. Profitant
de ce moment de répit, les équipages mettent pied à terre pour se dégourdir et
boire un petit coup réparateur. Nous recevons à ce moment-là quelques Minen
bien ajustés qui criblent nos bâches et nos sacs, et qui nous font regagner
dare-dare nos bonnes vieilles tourelles… une giclée de 75, décochée dans la
direction supposée bonne, condamne le mortier au silence.
À ce moment parvient
l’ordre d’envoyer un char sur la gauche, appuyer les hommes à pied qui vont
nettoyer le secteur. Le Joubert part en tout
terrain et s’enlise, le Béarn le remplace
pendant que l’Ile de France garde l’entrée.
L’opération s’effectue sans encombre et bientôt l’ordre d’entrer dans le
village arrive ; tout le monde se précipite, chars en tête et tombe sur
une barricade anti-char ! Heureusement elle n’est pas gardée et est
rapidement enlevée.
Notre entrée se fait prudemment ; avec une observation
très active sur les fenêtres. Mais rien n’arrête notre progression, à croire
que tout le monde est parti. Puis subitement nous nous trouvons devant un
pont ; il est intact et traversé sans incident. Nous apprenons que nous
sommes sur le Danube. Le Béarn a passé le
premier immédiatement suivi de l’Ile de France.
Aussitôt la défense du pont s’organise et les fantassins du capitaine JULIEN se
répandent dans la ville.
Les prisonniers affluent et leur nombre sera bientôt incalculable. Les points vitaux sont occupés et tout ne tardera pas à être entre nos mains. Le ravitaillement en tabac s’organise aussitôt et ma foi nous pensons qu’un bon pot au prochain gasthaus s’impose… C’est alors qu’un avion américain dans un vrombissement terrifiant, nous gratifie de quelques bombes d’un calibre suffisant pour raser tout un quartier voisin… Alors que nous pensions pouvoir se reposer un peu, l’ordre de repartir arrive à 17 heures.
Nous devons prendre la direction du lac de Constance ! Moteurs et nous
voilà revoilà lancés sur la route… Voyage sans ennuis, nous admirons le
paysage. La nuit nous surprend à STOKACH où il est décidé de s’installer jusqu’au
lendemain. GUICHOT, à son arrivée, pousse une petite reconnaissance vers la
gare et tombe nez à nez avec un convoi d’allemands prêt à démarrer… les 75
firent merveille…
Nuit excellente dans de bons lits, surtout qu’au préalable
les estomacs étaient abondamment garnis de toutes sortes de bonnes choses… La
matinée est employée à l’entretien qui commence à être vraiment nécessaire.
Après avoir écrasé et rendu inutilisables quelques dizaines d’armes à feu
allemandes, nous repartons de plus en plus belle vers 13 heures, avec ALSTHAUSEN comme objectif.
SOURCES : Ouvrage 2ème Régiment de Chasseurs d’Afrique au combat 1942 - 1945 .Pages 57 -58 - Un peloton du 3ème escadron aux côtés du 9ème Chasseurs.
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