NOTE : Deux
communes au nom de RHEINFELDEN, une au sud du Bade Wurtemberg à la frontière de la Forêt Noire (BADEN) et
la seconde en Suisse (canton d’ARGOVIE) - Distance entre les deux villes 7 km.
Dès 6 heures, le Combat
Command 3 qui est articulé en 3 groupements s’élance vers LORRACH.
Dans le groupement de tête, groupement PETIT, se trouve le
peloton de GRENOILLEAU (1er escadron).
L’escadron De NAUROIS, moins le peloton GRENOILLEAU suit en
tête du groupement LAURENT. Le colonel De LEPINAY commande le gros où se
trouvent les trois escadrons de chars moyens.
Les TC2 et les TR suivent et marcheront jusqu’à la fin de
la campagne à la même allure que l’avant-garde. Le peloton d’essence du
sous-lieutenant CASSASSUS et le peloton de munitions du sous-lieutenant LAUNAIS
continueront leur valse infernale, courant de dépôt en dépôt pour trouver
l’essence et les munitions. Ils participeront dans l’ombre, mais avec les mêmes
risques, aux dangers que courent les équipages et, c’est une justice à leur
rendre que de leur témoigner, ici, un hommage à leur courage et leur
dévouement.
C’est une
véritable journéede cross-country car, pour atteindre LORRACH qui a été pris
par la 9ème Division d’Infanterie Coloniale (DIC) , le Combat
Command 3 passe des oueds à gué sur des ponts branlants, escaladant la
montagne.
Le peloton
GRENOILLEAU atteint à la nuit le pont de
WEHR.
L’escadron De
NAUROIS reconnait les itinéraires vers
le sud, vers RHEINFELDEN et la frontière suisse, mais est bloqué partout par
des destructions très sérieuses .et la marche vers
l’est se poursuit le 25 dans le sillage du groupement PETIT par la route qui
longe le Rhin qui forme frontière avec la SUISSE.
SOURCES : Ouvrage 2ème Régiment
de Chasseurs d’Afrique au combat 1942 - 1945. Pages 49 - 50.
Nous quittons FRIBOURG à 6 heures, en direction de BÄLE. Au point de vue
« touristique » nous faisons un voyage magnifique à l’orée de la
Forêt Noire, mais au point de vue strictement militaire la proximité du bois
n’est pas rassurante et nous tirons plus d’une rafale dans les fourrés ou des
coins qui nous paraissent suspects.
La traversée des villages se fait sans encombre, la troupe les a désertés,
ils sont « villes ouvertes ». Aux fenêtres, aux toits même,
pendent des serviettes blanches, des draps, des torchons, tout ce qui peut être
blanc et peut rappeler un drapeau.
Les habitants sont tous devant les maisons. Personne à l’intérieur, des
ordres formels ont été diffusés à ce sujet. Les maisons doivent toujours être
absolument vidés, ceux qui s’y cacheraient risqueraient à tous les coups de se
faire tuer impitoyablement.
AB-Archiv : Südkurier . LÖRRACH 24 avril 1945 Char du CC.3 venus de MÜLHEIM Via RÜMMINGEN
Nous poursuivons notre avance et nous arrivons dans l’après-midi à LÖRRACH,
avec la coloniale. La ville, petite ville de province, est pleine de
militaires. Dès notre arrivée, nous assistons à une triste scène, les
« biffins » en cherchant un lieu de cantonnement, pénètrent dans une
maison, où théoriquement il n’y a personne, le propriétaire, qui les accompagne,
le leur affirme d’ailleurs ! un bruit suspect provient d’une pièce ;
plusieurs hommes se sont cachés là.
Quelques grenades en ont raison ! quant au propriétaire, qui voulait
probablement les attirer dans un guet-apens, il redescend encadrer par quelques
« biffins », cent mètres plus loin, une rafale de mitraillette…
Tout le monde est aux fenêtres, l’ensemble est terrible, mais il est donné
à réfléchir !
Nous n’avons guère à intervenir le long du parcours. Dans tous les villages
traversés, la population est toujours rassemblée sur le devant des portes ne
sachant pas quoi faire, ils applaudissent à notre passage, on sent que l’armée
s’est retirée. Peut-être pour tenir un front plus réduit ? Ou pour passer en
Suisse ?
On ne trouve sur notre passage que des retardataires ou des réfractaires,
les civils nous les signalent d’ailleurs chaque fois, ils ne veulent pas
exposer leurs vies.
Nous stationnons à STEINEN, puis à WEHR, que nous quittons à 13 heures.
Nous nous sommes arrêtés également à SACKINGEN, belle petite ville sur la rive
du Rhin, et nous longeons le Rhin pendant des dizaines de kilomètres, dans une
vraie marche triomphale dans une contrée magnifique. Malgré notre fatigue
et notre lassitude immense, nous ouvrons bien grand nos yeux, pour bien voir et
tâcher de ne pas l’oublier trop vite. Le fleuve coule large et majestueux, les
petits villages, ou plutôt une suite continue de hameaux bordent la rive
droite, la rive gauche, c’est la SUISSE.
Tout le long de notre parcours les suisses nous font des signes d’amitiés,
ils applaudissent, ils agitent des drapeaux tricolores, c’est presque du délire
! En un endroit, une philharmonique au grand complet, joue la Marseillaise à
notre passage.
Nous arrivons enfin à TIENGEN, terme de notre étape.
SOURCES : Mémoire René MEYERE (membre 1er escadron) - Carnet de
route - Page 81.
25 avril 1945 - Bade Wurtemberg - WALDSHUT -
La marche
vers l’est se poursuit le 25 dans le sillage du groupement PETIT par la route
qui longe le Rhin qui forme la frontière avec la Suisse.
De l’autre côté du
Rhin, juchés sur des blockhaus vides, les soldats suisses et les habitants font de larges signes d’amitiés, vraie
celle-là et jouent sur leur mandolines tout le répertoire des chansons alliées.
Il est difficile de s’imaginer que c’est la guerre ; l’atmosphère est
plutôt celle des grandes manœuvres.
Cependant, en fin de soirée, le peloton GRENOILLEAU doit faire entendre
la voix de ses 37 pour entrer dans la petite ville pittoresque de WALDSHUT.
Les allemands de la police et de la Wehrmacht attendent les ordres du commandant local français. La scène avec les deux soldats dans la jeep a été photographiée par un correspondant de guerre français.
Le groupement PETIT
et le groupement LAURENT passent la nuit à l’est de WALDHUT, le gros dans
WALDHUT et à l’ouest de cette localité. Quelques prisonniers ont été ramassés
sur la route ; il s’agit d’isolés ayant perdu leur unité et qui semblent
heureux de se rendre.
Le Combat Command 3 quitte la 9ème Division
d’Infanterie Coloniale avec laquelle il vient de faire du si bon travail pour
passer sous les ordres du général commandant le 1er Corps d’Armée en
attendant de rentrer dans le sein de la 1° Division Blindée.
SOURCES : Ouvrage 2ème Régiment de Chasseurs d’Afrique au combat 1942 - 1945. Pages 49 - 50.
Photographie - Gauche : LORRACH 25 Avril 1945 - Frontière SUISSE - Photographie Journal de Marche du 2ème Escadron du 3ème Régiment de Chasseurs d’Afrique - Devise : «Qu’ils me haïssent, Pourvu qu’ils me craignent !»
Photographie - Droite : EXTRAIT « Feuille d’Avis de NEUFCHATEL Jeudi 26 Avril 1945 » A l’approche des français des drapeaux blancs firent leur apparition à BADISCH-RHEINFELDEN, puis dans les localités environnantes.
RHEINFELDEN fut occupé autour de 18 heures par de nombreux véhicules comprenant plusieurs chars. La faible garnison allemande passa en SUISSE, où elle internée. Dans le courant de l’après-midi les français occupent les autres agglomérations en particulier SAECKINGEN.
Photographie Couverture de l'article :
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