L’accumulation de matériel, le
nombre des blessés allemands recueillis à ACHDORF expliquent la violence de la
contre-attaque de la veille sur UBERRACHEN.
Le groupement LAURENT se porte, à
la nuit, à ENGEN où il stationne.
28 avril 1945 - Bade Wurtemberg - ENGEN.
Tandis que le groupement LAURENT reste stationner à ENGEN, le commandant TERRASSON, commandant les escadrons VIE et D’USSEL force 12 000 allemands à se rendre dans la région des bois au sud du village de WIECHS AMRANDEN ; parmi eux se trouvent 24 officiers dont le chef d’état-major du 19° corps d’Armée.
SOURCES ;
Ouvrage 2ème Régiment de Chasseurs d’Afrique au combat 1942 - 1945.
Page 52.
28 Avril 1945 Bade Wurtemberg
- WIECHS-AM-RANDEN.
Au matin, le commandant TERRASSON reçoit d’un
capitaine de réserve polonais des renseignements permettant d’affirmer la
présence de quelques centaines d’hommes et d’officiers allemands à WIECHS-AM-RANDEN, petit village situé dans une enclave
allemande en territoire suisse, à 6 kilomètres au nord de SCHAFFOUSE.
Le Combat Command 3, peu de temps après, envoie les mêmes
renseignements et le colonel envisage avec le Commandant TERRASSON, une
action.
L’impossibilité de tirer
par-dessus le territoire neutre oblige à changer les emplacements des batteries
d’artillerie : quelques minutes avant l’exécution des ordres donnés,
arrivent au PC du commandant TERRASSON, à TENGEN, deux officiers suisses
porteurs, l’un d’un drapeau blanc, l’autre d’un drapeau helvétique. Ils ont
fait plusieurs kilomètres à pied, à vive allure, pour demander, au nom d’un
lieutenant-colonel allemand, la reddition de ses troupes dont le commandant
helvétique refuse l’entrée en territoire neutre. Les seules conditions posées
sont les suivantes :
Les officiers seront traités
en officiers et la troupe en soldats suivants les accords internationaux.
Après entente avec les
parlementaires, un délai de 5 heures est donné à l’officier allemand pour
rechercher tous les petits éléments épars dans les bois et les rassembler sur
la place de l’église en présence des officiers suisses.
Une colonne est constituée
avec des chars du 3ème escadron et l’aspirant PRETELAT qui remplit
les fonctions d’adjoint au commandant TERRASSON sont en jeep en tête de la
colonne. Ils arrivent en vue du village à 16 heures 45 :
WIECHS-AM-RANDEN se présente au fond d’une petite cuvette entourée de grands bois. Les cimes des Alpes forment à l’arrière-plan un panorama grandiose. Un soleil avare de ses rayons et un vent aigre incitent les imaginations les plus paresseuses à réfléchir sur le contraste entre ce beau paysage et la fin tragique de cette troupe harassée et acculée à la frontière d’un pays qui refuse de les recevoir.
Le capitaine VIE donne son
accord sur tous les points et envoie l’aspirant PRETELAT dans un half-track
pour vérifier le désarmement et le dénombrement des troupes rassemblées près de
l’église du village.
Le lieutenant-colonel
allemand, monté dans une voiture suisse, précède l’half-track dans laquelle
l’aspirant se tient debout ; pour la première fois la population d’un
village allemand se présente en larmes. Ceux qui, dans quelques instants seront
prisonniers de guerre, sont rassemblés dans un pré à gauche de la route, face à
l’église, sur cinq rangs. Le colonel, sans arme, annonce 1 187 hommes et
25 officiers. Le rôle des officiers suisses est terminé : confiants en la
parole des soldats français, ils se retirent.
À présent, seul en face de
l’aspirant, le colonel chef d’état-major du 19° C.A allemand, dans un
garde-à-vous impeccable, remet officiellement sa troupe entre les mains du jeune
représentant de l’armée française. Sa voix, claire malgré les tremblements de
sa mâchoire et sa visible émotion, porte loin. Il demande l’autorisation de
faire ses adieux à ses hommes et ; se plaçant à côté de l’aspirant,
profère d’une voix hachée par l’émotion quelques mots d’au revoir ; puis,
d’un pas lent, à côté du colonel allemand, l’aspirant passe en revue cette
troupe fatiguée, trempée par la pluie de la veille.
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