20190515

CARRELET De LOISY Jean Bernard Marie. 1916 - 1944

 


1er OFFICIER DES ALLIÉS AU RHIN

LE 19 NOVEMBRE 1944. 

UN FAIT D'ARMES.

Nouvelle rédaction 5 septembre 2025.

Né le 14 février 1916 à TAULÉ (Finistère). 

Mort au combat le 23 novembre 1944 à MULHOUSE (Haut-Rhin) – Caserne LEFEBVRE.

Fils de Bernard Marie Raoul CARRELET de LOISY (1877- 1954). Ancien Commissaire de la marine et d’Henriette DU PARC (1891-1955).

Bien que né en Bretagne (Mutation de son père à BREST), sa famille est originaire d’ARCEAU, un village de la Côte-d'Or.

Note : Jean-Bernard Marie Gérard CARRELET de LOISY. Chevalier de la Légion d'honneur. Croix Guerre 1939-1945 (cinq citations). Insigne des blessés militaires (deux étoiles).

Fratrie : Michel CARRETET de LOISY (1912-1973) – François CARRETET De LOISY (1919-1978) – Philippe CARRETET De LOISY (1921-1987) – Jeanne Françoise CARRETET De LOISY (1923- 2006).

Études secondaires au lycée CARNOT à DIJON (Côte-d'Or).

1931. Études de Mathématiques à AUTUN (Saône-et-Loire) – Préparatoires aux grandes écoles au lycée Sainte-Geneviève à VERSAILLES (Yvelines).

Bien qu’il fît deux années de très bonnes études, il échoue  son entrée à l’école navale, son rêve durant son enfance, aller sur les traces de son père, s’éloigne.

La mort dans l’âme, il prend tout à coup, le parti de laisser la navale et de suivre le chemin des écoles militaires de SAINT-CYR et de SAUMUR (Maine-et-Loire).

Après, deux ans à SAINT-CYR, il sort en 1939, 53ᵉ sur 380 élèves de la 124ᵉ Promotion « Marne et Verdun ».

Affecté au 15ᵉ  Régiment de Dragons portés, puis au 2ᵉ Régiment de Cuirassiers, une unité de la Division Légère Mécanique (D.L.M) avec elle, il participe de la campagne de France.

Mai 1940. Lors des combats en Belgique et en Flandres, notamment à GEMBLOUX (Région Wallonne), il obtient sa Première citation à l’ordre de L’Armée durant l’opposition des chars français aux blindés allemands. 

Aussitôt évacué vers l’Angleterre, avec les restes du 2ᵉ Cuirassiers, il rejoint la France et prend une part active lors des affrontements de la Loire. 

Le 22 juin 1940 à DANGÉ-SAINT-ROMAIN près de CHÂTELLERAULT (Vienne), il se distingue de nouveau par son courage, et le calme qu’il démontre durant le repli de sa division prise sous un feu d’artillerie.(seconde Citation à l’ordre de la brigade).

Après l’armistice, à NONTRON, en Périgord, où cantonne ce qui reste de la 3ᵉ D.L.M, il demande et obtient une affectation en Syrie.

Le 31 octobre 1940, il est à MARSEILLE pour prendre la mer vers le Moyen-Orient.

Le 3 novembre, il est à MESSINE (Sicile), le 6 au matin, il arrive à BEYROUTH (Liban). À ALEP (Syrie), il rejoint tout heureux le 1ᵉʳ Régiment de Spahis Marocains.

Affecté à la surveillance, des pistes syriennes du désert, il foule cette terre syrienne chargée d’histoire, DAMAS, D MEIR et s’enfonce dans le désert au nord de PALMYRE.

Note : Après la défaite de l’Empire ottoman lors de la Première Guerre mondiale, la France s’est vue confiée par la Société des Nations des mandats sur la Syrie et le Liban. 

À D MEIR, une nécropole rassemble les corps de soldats morts pendant le mandat français sur la région, mais aussi ceux tombés lors de la Seconde Guerre mondiale. La nécropole abrite également des tombes de soldats étrangers et de civils. 

Août 1941. Rappelé en France, il prend un congé à ARCEAU (Côte-d’Or) puis il rejoint TARBES (Hautes-Pyrénées), d’où on l’envoie aussitôt en Afrique du Nord, comme instructeur à l’école de cavalerie d’HUSSEIN-DEY près d’ALGER.

Novembre 1942. Après le débarquement anglo-américain, il participe à la campagne de Tunisie, il retrouve à cette occasion son chef de SAUMUR (Maine-et-Loire), le colonel TOUZET du VIGIER qui commande la Brigade Légère Mécanique (B.L.M), De LOISY est affecté à l’État-Major de ce dernier.

Février 1943. La B.L.M, quoique se battant de son mieux, avec un équipement, un habillement et un armement vétustes et inadaptés, est retirée du front tunisien, afin d’être envoyée à l’arrière pour se rééquiper.

Mars 1943. le 2ᵉ  Régiment de Chasseurs d’Afrique, vient d’être équipé de matériels américains, pour se former et s’entraîner dans la région d’ORAN (Algérie) dans la perspective du débarquement prévu en Provence.

À cette occasion, De LOISY prend le commandement, au 2ᵉ R.C.A, d’un peloton de chars moyens (Sherman) au sein du 4ᵉ escadron du capitaine De LAMBILLY.

Novembre 1943. Après plus de trois mois de durs et pénibles entraînements, le régiment est dirigé vers la côte méditerranéenne (ARZEW), alors qu’il  pense pendre  enfin la mer pour la France, il ne s’agit dans ce déplacement que de nouvelles manœuvres programmées.

De novembre 43 à août 44, une attente interminable pour les hommes gardés tout ce temps au plus rigoureux des secrets, alors que la plupart d’entre eux avaient, à ORAN si proche, des parents et des amis.

À partir du 30 août et durant les nuits des 31 et 1ᵉʳ septembre, les escadrons embarquent leurs matériels dans un ordre parfait et le 2 septembre, c'est au tour des hommes de monter à bord des LST (bateaux américains à fond plat).

MERS-EL-KÉBIR. Trois jours d’attente à l’ancre. Le 5 septembre, enfin le départ pour la France. Ils arrivent dans la nuit du 9 au 10 septembre face à SAINTE-MAXIME (Var).  Dans l’après-midi, les hommes et le matériel mettent le pied sur la terre de France et débarrassent les chars des cheminées d’admission d’air et d’échappement des moteurs qui leur auraient permis de se déplacer au moment du débarquement  devant une importante hauteur de l’eau.

Le régiment prend la route de COGOLIN (Proximité de SAINT-TROPEZ) et jusqu’au 10 septembre, il se dirige par étapes vers le nord, jusqu’aux abords de MÂCON. Après plusieurs jours d’arrêts pour réviser le matériel et attendre d’être ravitaillés en carburant. Le 21 septembre, il se déploie vers les Vosges et arrive à LURE (Haute-Saône). Le 24 sur place, il doit relever le 2ᵉ Cuirassiers.

Les premiers combats pour le 2ᵉ Régiment de Chasseurs d’Afrique et le 2ᵉ Bataillon de Zouaves Portés (unité de fantassins rattachée au C.C.3) notamment au col de la CHEVESTRAYE, LAGREVE, MIELLIN (Haute-Saône), mais  aussi malheureusement les premières pertes en hommes, et en chars. 

Le 10 octobre, dans le secteur de Grands-Champs au Haut du Them (Vallée de l’Ognon), dans un ouragan d’obus, d’armes automatiques et de mines, le 4ᵉ escadron lance ses deux premiers chars dans les combats, les Champeau et Saint-Gérard (Maréchaux-des-Logis DESAIRE et VIALE) pour soutenir des éléments du 3° Régiments de Chasseurs d’Afrique (Capitaine ARGOUD) et un bataillon du 1e  Zouaves en difficulté.

L’un des deux chars, le Saint-Gérard, saute sur une mine, premier char de « l’escadron d’acier » touché lors de la campagne de France, il est toutefois ramené à l’arrière  sans sa chenille après plusieurs heures d’assistance menées par le peloton du lieutenant ATTANE.

Note : « Escadron d’acier » Le capitaine De LAMBILLY commandant le 4° escadron donna à son escadron ce nom, pour personnaliser la qualité de ses équipages.

Du 14 au 21 octobre 1944, le régiment se projette plus au nord dans les secteurs de TRAVEXIN – CORNIMONT (Vosges) confronté qu’il est dans de nouveaux et rudes combats. À la fin du mois d'octobre, profitant d’une remise en état des chars, les premières permissions sont accordées par le Commandant en chef de la 1° Armée, le Général De LATTRE. 

Le lieutenant De LOISY profite de la proximité de la Bourgogne et du stationnement de son escadron pour retrouver sa famille et passer ainsi la Toussaint avec les siens.

Éprouve-t-il, un pressentiment lors de cette permission à ARCEAU avec sa famille et ses amis ?

A-t-il, l’impression que quelque chose va se passer ?

« Trois semaines avant de mourir, le 5 novembre 1944, ce seigneur écrira à une amie chère ces lignes d’une beauté suprême : « La fête des morts, que j’ai passée en famille, a ranimé en moi, comme s’il en était besoin, les cendres du passé, avec ses deuils, avec ses fastes… »

Il évoque alors en deux mots, parmi ces fastes, les plus beaux et grands souvenirs de l’ancienne France, et reprend : « je serai ridicule de dire avec le poète que c’est au cimetière que je connais le plus de monde. C’est cependant là que je vais puiser les magnifiques exemples et les belles leçons de la vie, auprès de cette foule choisie et couchée, qui nous sourirait certainement si elle pouvait encore ouvrir les yeux. Pour moi, cette fête des Morts a toujours revêtu un caractère exaltant, cette année plus que jamais… »

Et c’est avant la fin de cette année justement, avant la fin de ce mois de novembre même, où il a écrit ces choses dans la lumière de quelque brûlant pressentiment qu’il s’en est allé rejoindre, ce fidèle enfant des hommes, ce poète, la foule couchée, parmi laquelle à son tour, il nous sourit aujourd’hui. »

Il retourne à deux reprises à ARCEAU durant cette période..

Note : Sources. Ouvrage Gestes français – Tome II. Ceux de 44-45. Le jour de gloire est arrivé. Antoine REDIER. Éditions Xavier MAPPUS LE PUY.

Le  15 novembre, lendemain, de l’offensive du Doubs lancée par De LATTRE, il rejoint définitivement son escadron pour s’engager dans une fantastique « chevauchée « en Alsace. En quelques heures, une des « chevauchée » digne des plus belles de l’histoire de la cavalerie française.

Dès le 15 novembre, la première position de résistance allemande du Doubs est enfoncée,  la porte s’entrouvre pour une exploitation par les blindés. Le 17,  au matin, après une préparation de l’artillerie, le lieutenant De LOISY prend place sur son char, entraînant son peloton à sa suite.

Aux Petits-Bans à BERCHE (Doubs), il se lance dans une attaque face à un ennemi qui s’accroche dans ses derniers retranchements. À ÉCOT (Doubs), il passe la nuit, c’est là qu’il apprend que MONTBELIARD est tombé et qu’il va pouvoir ainsi foncer sur DELLE (Territoire de Belfort) et exploiter la situation.

Le 18 novembre, le lieutenant De LOISY prend provisoirement le commandement du 4e escadron, le capitaine De LAMBILLY s’est absenté pour recevoir des instructions de l’État-Major au PC de la division, le soir venu  il organise un bivouac, à quelques centaines de mètres de la frontière suisse, les équipages expriment une forme de désœuvrement de ne pouvoir allumer des feux pour se réchauffer et ils enragent de demeurer dans le noir alors que tout proche, ils aperçoivent les lumières de la Suisse.

Le capitaine De LAMBILLY de retour, passe à De LOISY puis à chacun des chefs de pelotons les dernières nouvelles et notamment les instructions pour le lendemain. «  MONTBELIARD est à nous… DELLE vient de tomber…Nous avons l’ordre de nous trouver demain au Rhin à ROSENAU »

De LOISY exprime sa joie et dit, l’âme en feu, à son capitaine «  Enfin, on va pouvoir foncer et faire une guerre de cavaliers ».

À l’aube du 19 novembre 1944, le groupement du chef d’escadrons GARDY auquel appartient l’escadron d’acier entre dans l’histoire.

Allo ! Ursule (indicatif du char Lunéville) que commande le capitaine De LAMBILLY, qui s’entend dire « il est sept heures-Quatre et Trois… » répond vive « Ici Ursule, compris »

Suivi d’un puissant ronronnement, les quinze chars de l’escadron d’acier, derrière le Lunéville , à cent mètres l’un de l’autre, se déploient vers DELLE, libérée la veille. En milieu de journée, après un retard de plusieurs heures dû à l’encombrement des routes, le groupement débouche de COURTELEVANT (Haut-Rhin). Après un léger piétinement, LOISY, dont l’indicatif est Nicolas, reçoit par radio le message d’Ursule «  Allo ! tous les chars en avant ».  

Entre-temps, une section de zouaves désignée, s’est jointe au peloton de chars du lieutenant De LOISY. Ce dernier qui est en avant-garde avec son peloton, arrive à SEPPOIS (Haut-Rhin), où il doit apporter un appui aux éléments du R.I.C.M  (Colonel Le PULOCH) accrochés par une forte opposition allemande, il engage aussitôt un vif combat pour forcer les lignes ennemies et se frayer un passage.

Après une lutte d’une bonne demi-heure du détachement des zouaves et de tous les chars de l’escadron, le passage est libre, le commandant du groupement, sans s’attarder à nettoyer le village, donne l'ordre de poursuivre la route pour profiter de l'effet de surprise. De LOISY qui n'attend que cela fonce de nouveau.

Cent mètres avant BISEL, les Zouaves sautent à terre, appuyés par les chars, ils courent vers le village pour protéger les blindés d’éventuels coups de Panzer Faust. La puissance des tirs des chars et la vaillance des Zouaves écœurent les allemands qui se rendent. De la tourelle de son char, De LOISY tue un allemand avec sa mitraillette.

La localité de BISSEL passée, nouveaux combats à FELDBACH (Haut-Rhin), et pour ne pas perdre le bénéfice de la surprise, il se dirige sans tarder  sur WALDIGHOFFEN (Haut-Rhin) où il fait une véritable hécatombe d’allemands qui défendent avec acharnement un pont de bois marqué "huit tonnes".

Le pont ne peut effectivement supporter que huit tonnes, alors que son char pèse trente-deux tonnes, pour De LOISY, il n’est pas question d’attendre l’arrivée du Génie, il descend de son char, traverse le pont à pied et guide le conducteur pour le lui faire franchir en disant :

«  Si l’Austerlitz passe, tous les autres passent… » et effectivement… tous passent. De LOISY fait alors monter une escouade de zouaves sur les plages arrière des trois premiers chars

Note : Le 8 mai 2009, la commune de WALDIGHOFFEN rendait un hommage au libérateur du Sundgau, en donnant son nom au pont de franchissement de l’ILL rénové de  la rue du 19 novembre, en souvenir du passage en ce lieu du lieutenant De LOISY.

Sur ce fait, les habitants arrivent, mais le lieutenant De LOISY ne peut attendre les congratulations, il donne l’ordre d’un nouveau départ.

À  15h 45, son peloton d’avant-garde est à OBERDORF, le capitaine lance à LOISY : « Allo !... NICOLAS… Foncez sur 10… » Ce 10, c’est ROSENAU, et c’est le Rhin. « Compris ! » Répond le lieutenant, et il ajoute : « Ils sont débordés de partout ! » A quoi le capitaine De LAMBILLY riposte :

 « C’est mon impression !... À fond de culotte, mon vieux Nicolas ! »

L’amusant est que tout l’Escadron a entendu, dans la jubilation, cet émouvant dialogue. Nul, hors LOISY, ne savait au juste ce que signifiait ce 10…

Trente minutes plus tard, le peloton est à HUNDSBACH, il reçoit du Chef d’escadron GARDY commandant le groupement l’autorisation de pousser par HELFRANTZKIRCH sur ROSENAU (Haut-Rhin).

De HELFRANTZKIRCH, via KAPPELEN et BARTENHEIM, détruisant au passage de nombreux véhicules et des groupes d’allemands, il arrive avec la 2e section du 2e Zouaves (Lieutenant FUHR) à ROSENAU.

Il est entre 17h 15 - 17h 30, la nuit est tombée, les habitants surpris regardent passer avec étonnement les chars, à hauteur de l’église l’Austerlitz du lieutenant De LOISY s’arrête, un passant sursaute, il entend distinctement un grand bruit de ferraille, c’est l’organiste du village, il boite, il a perdu une jambe en Yougoslavie, incorporé de force dans l’armée allemande.

De LOISY l’interpelle :

« Sommes-nous à ROSENAU ? »

D’abord dans son dialecte puis en français « Mais qui êtes-vous »

« Nous sommes français, nous sommes un détachement de la 1e Armée Française » Répond le lieutenant De LOISY.

C’est du délire, la population manifeste une joie délirante et fait au détachement un inoubliable accueil.

Les chars Austerlitz, Marengo, Rivoli, Castiglione et Heilsberg, accompagnés par des half-tracks de la 2e section (3e compagnie) du 2e Bataillon de Zouaves portés (lieutenant FUHR) se portent sur les bords du Rhin.

Après que les chars de la 1e Division Blindée et du R.C.I.M sont entrés les premiers en Alsace, c’est maintenant au tour du détachement du 4e escadron, commandé par le lieutenant De LOISY d'atteindre le Rhin, le premier de l’armée français.

S'adressant au lieutenant FUHR. Il ajoute : -″Avoir vécu cette chevauchée et mourir sans regrets. C'est un honneur et un privilège pour nous d'être ainsi reçus par vous. Je veux parler des régiments qui marchent à pied. Soyez-en chaleureusement remerciés ! ″ Telles furent les paroles prononcées d'une voix douce et convaincue par le lieutenant De LOISY. aussi brève qu’elle puisse être ensuite !  Il devait trouver la mort le 23. 

Ils traversent, le carrefour, faisant signe aux autres chars du 4e escadron qui arrivent  maintenant tous phrares allumés, Il ne voulut pas accepter pour lui, en tout cas pour lui seul, les compliments, que dans l’enthousiasme, lui faisait le capitaine De LAMBILLY. 

Admiratif du travail effectué de tous autour de lui, songeant notamment au cran et au soutien montrés notamment par le chef de char du Rivoli. Il dit simplement «  C’est LAROCHE qui est un lion ».

De LOISY envoie deux chasseurs auprès du capitaine De LAMBILLY, avec la mission de lui ramener le fanion de l’escadron, à leur retour, il part avec quelques-uns des hommes et trempe symboliquement le fanion dans les eaux du Rhinrenouvelant ainsi les gestes des cavaliers du 1er Empire qui un siècle plus tôt y firent boire leurs chevaux et des soldats de la 2e Division Marocaine en 1918.

Un fait symbolique que la 194e Promotion « Lieutenant De LOISY » de l’École Spéciale Militaire de SAINT-CYR - COËQUIDAN reproduira en 2008 à ROSENAU.

À son compatriote bourguignon, l’adjudant-chef MARQUET en lui montrant plus-tard le Rhin coulant à leurs pieds «  Ah ! mon vieux MARQUET, pour un officier de cavalerie, voir cela et mourir ».


Note : Ce fanion décoré de la croix de guerre avec une citation à l’ordre de l’armée est aujourd’hui dans une salle d’honneur du 1e Régiment de Chasseurs (quartier Maginot à

Le 20 novembre 1944, la presse allemande ayant reconnu que les chars français avaient atteint à ROSENAU la veille : Sources Colonel COLLE  (déporté à BURCKENWAL – futur chef d’escadron u 2e Régiment de Chasseurs d’Afrique 1954. Bulletin de liaison des vétérans du 2e R.C.A – Dernier trimestre 2004.

Une photo immortalise quelques jours plus tard cet événement historique, pour les besoins de la presse, celle-ci est prise de jour alors que le 19 novembre 1944 à 17h 30, il faisait déjà nuit.

On ignore l'identité du peloton concerné par la pose.

Alors que les différents détachements s’installent pour passer la nuit à ROSENAU, les opérateurs radio essayent de prendre contact avec l’arrière, à 20 heures, ils parviennent à prévenir le chef du 3e Bureau du Command Combat, de l’arrivée au Rhin.

À la lecture du message, il n’en croit pas ses yeux et demande confirmation. Une immense joie éclate au sein de l’État-major, le général CALDAIROU commandant le C.C.3, absent (au PC du général TOUZET du VIGIER) n’est informé qu’à 22 heures de la nouvelle. Celle-ci arrivera au Général De LATTRE, le 20 à 4 heures.

Satisfait, CALDAIROU donne ordre  pour la journée du 20 novembre, à ses deux autres groupements (De LEPINAY et DEWATRE) de rallier par la route, si brillamment dégagée, la zone de KEMBS et le sud de la Hardt.

Laissant les secteurs  de SUARCE à la garde des coloniaux (R.I.C.M)  et de SEPPOIS à celle du 6e Régiment de Tirailleurs Marocains (6ᵉ R.T.M), en pleine nuit le C.C.3 emprunte la route ouverte par le groupement GARDY et s’installe au matin du 20 novembre à BARTENHEIM.

De BARTENHEIM, la batterie du 2e groupe du 68e Régiment d’artillerie d’Afrique (unité de soutien du C.C.3) commandée par le capitaine CAIRE va expédier joyeusement la première salve d’obus sur le territoire allemands depuis 1940.

En milieu de matinée, Les unités du Command Combat sont rassemblées dans la zone SIERENTZ - KAPPELEN à environ une vingtaine de kilomètres au sud de MULHOUSE. « L’escadron d’acier », De LOISY en tête, pressé de courir à de nouveaux « travaux » se dirige vers à BLOTZHEIM (Haut-Rhin), pour barrer la route de BÂLE et NEUF-BRISACH, sur laquelle les allemands se replient.

Le soir, le peloton du lieutenant COQUART arrive aux lisières de la ville, De LOISY et dans la continuité l’ensemble de l’escadron parviennent à leur tour à MULHOUSE, une nuit d’enfer s’annonce. Les allemands jaillissent de tous les côtés afin de défendre avec acharnement leurs positions, l’escadron perd un de ses hommes et un blindé (le Prague) au pont du  canal du Rhin, proche de la gare.

Le 21 novembre, LOISY, toujours en tête du détachement, entre au cœur de MULHOUSE, bien que les rues soient désertes, des habitants, derrière leur fenêtre, l’accueille discrètement par crainte des représailles allemandes. Les chars pour tromper les allemands sur leur nombre font de nombreux va-et-vient dans les rues de la ville.

Photographie: Peloton du 4e escadron à MULHOUSE.

Le peloton De LOISY, débouche dans la rue Sauvage, la traverse et se dirige vers le pont de la Doller. Il le prend sans dommage puis, se lance vers BOURTZWILLER. De partout des projectiles partent dans tous les sens, un tir de Panzer-Faust est proche d’atteindre à bout portant le lieutenant De LOISY, ce dernier calmement réplique immédiatement  au canon,  la mitrailleuse du char s’étant enrayé vers les deux auteurs des tirs.

 Les combats sont violents, l’Austerlitz est subitement immobilisé, à la suite d’un patin détérioré par un projectile, les affrontements sont rudes et brutaux, à un moment donné les équipages sont même préoccupés de la situation, un ravitaillement important en munitions permet au détachement de se dégager des difficultés et de prendre le dessus toutefois, des bâtiments restent encore aux mains des allemands notamment dans les casernes.

Le 22 novembre, Les combats se poursuivent tout aussi violents, particulièrement à la caserne GOEHORN entre les occupants et le 6e Régiment de Tirailleurs Marocains du colonel BAILLI. La plupart des allemands se replient  par les rues ou par les égouts, certains vont parvenir à se réfugier à la caserne LEFEBVRE.

23 novembre 1944. Il faut impérativement se rendre maître de la caserne  LEFEBVRE, l’artillerie procède à de nombreuses salves d’obus et l’infanterie s’infiltre dans la cour sous la mitraille allemande qui part des sous-sols et des greniers des bâtiments.

Dans l’après-midi, la situation est si critique pour les fantassins, qu’on envoie cinq chars de 4ème escadron pour appuyer les tirailleurs. Ces derniers effectuent au canon, une brèche dans l’un des murs de la caserne, avec l’appui du feu du peloton, l’Austerlitz s’avance suivi du Rivoli.

De l’emplacement qu’il occupe sa visibilité est mauvaise, il craint que les feux soient insuffisants pour dégager les tirailleurs dans un beau geste de fraternité d’armes, il pousse sur la brèche avec son char et l’élargit afin de pouvoir entrer à l’intérieur de la caserne.

Soutenu par le maréchal des Logis LAROCHE sur le Rivoli, les deux chars ne cessent de tirer tant au canon qu’à la mitrailleuse. À peine est-il entré que deux coups de Panzer-Faust à bout portant atteignent l’Austerlitz, le lieutenant De LOISY est tué.

Le brigadier CORMY parvient à s’extraire du blindé, mortellement blessé, il s’écroule près du char. PIGNERO, BENES et BEVILLON blessés arrivent à s’extirper à leur tour de l’Austerlitz

L’aide conducteur BEVILLON, sous les balles qui fusent, conduit ses deux compagnons hors du champ de tir allemand, les ayant probablement sauvés d’une mort inévitable. Il retourne auprès du char, toujours sous le feu ennemi, il ne parvient pas malheureusement à retirer le corps mutilé de son lieutenant, il s’attache à recueillir les documents et objets personnels sur la dépouille de son chef afin de les remettre à sa famille.

Une consternation générale envahit le peloton, l’escadron et le régiment à l’annonce de la mort de ce lieutenant adoré de tous. Le lendemain, l’émotion prend de nouveau  tous les hommes présents  au moment de la messe célébrée par le père SCHNEIDER, aumônier du régiment.

La ville de MULHOUSE et l’État-major du régiment voulant rendre un hommage au lieutenant De LOISY décident que son char Austerlitz reste dans l’enceinte de la caserne LEFEBVRE, où seront perpétuées, par cette tragique présence, la mémoire de cet officier.

Située dans les rues historiques de la ville de MULHOUSE, la caserne construite entre 1874 et 1877 se dressera comme un témoin silencieux du passé militaire et l’histoire de la ville, abandonnée et en friche pendant plusieurs décennies, elle fut réhabilitée en logement en 2011, au milieu de ce quartier rénové, le char Austerlitz est toujours là, ravivant l’hommage appuyé de la ville à son héros le lieutenant De LOISY et au souvenir des combats des unités présentes le 23 novembre 1944.

Un second symbole en mémoire, du lieutenant De LOISY à ROSENAU, en 1968 un char Sherman a été offert à la commune en reconnaissance de la « fraternité d’Armes-franco-américaine «  par les États-Unis. Ce char devenu Mémorial a été baptisé « Jean de LOISY ».

Un autre moment fort  de l’histoire du mémorial, la venue, le 19 juillet 2008, des élèves officiers du 2e Bataillon de SAINT-CYR COËQUIDAN qui avaient choisi le lieutenant De LOISY comme parrain de leur promotion (194e. 2007-2010)

Enfin, la présence à ROSENAU, le 3 septembre 2015, de la jeune unité de la 4e batterie du 68e Régiment d’Artillerie d’Afrique, créée quelques mois plus tôt afin de rappeler aux hommes de ce régiment le souvenir de leurs prédécesseurs libérateurs.

Les villes d'ARCEAU et DIJON (21) - WALDIGHOFFEN - MULHOUSE - KAPPELEN - FRANKEN et ROSENAU (68). Honorent  également la mémoire de De LOISY en érigeant des plaques commémoratives, en attribuant son nom à un pont, une rue ou un bâtiment.

Le lieutenant De LOISY est inhumé à la Nécropole Nationale de THIEFENGRABEN - Les VALLONS  - Sépulture 105.

CHANT DE LA PROMOTION 

LIEUTENANT CARRELET De LOISY.

REFRAIN.

France, nous répondrons à ton appel,
Ô Loisy, nous vous serons fidèles ;
Anobli par votre élan,
Que le nom de Saint-Cyr claque au vent !

Cours du Chateau de Fontainebleau (Seine-et-Marne) Escaliers d'Honneur - Fer à Cheval)

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