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1944.31-08 /09.09 MERS EL KEBIR - La NARTELLE


Un chasseur de faction sur les hauteurs du port de MERS EL KEBIR (ORAN) – Collection privée.

Actualisation novembre 2025

31 août -1ᵉʳ septembre 1944. Durant la nuit, les chars et l’ensemble du matériel du 2ᵉ Régiment de Chasseurs d’Afrique sont embarqués sur les L.S.T (Landing Ship Tank  - Navires destinés à soutenir les opérations amphibies - Transport de chars et matériels lourds).

Le lendemain 2 septembre 1944, Réveil à cinq heures. Démontage des tentes « guitounes » et départ définitif des escadrons de l’Aréa. 

Le 1er escadron embarque sur le L.S.T AMNOS, Les autres escadrons sont répartis dans plusieurs embarcations. Toute la journée, les troupes attentent les ordres de départ du convoi.

Le 3 septembre 1944, toujours au port, il fait très chaud et une impatience grandissante envahie les escadrons. À 16h 45. Enfin le mouvement et la sortie du port d’ORAN, puis un arrêt devant la plage de MERS EL KEBIR.

Le 4 septembre 1944, nouvelle journée d’attente, pénible, longue et triste.

Le 5 septembre 1944, Enfin le départ de MERS EL KEBIR, formation d’un convoi au large de ville d’ORAN. Il s’éloigne progressivement de la côte en direction d’ALGER. De nombreux bateaux se joignent au convoi, puis ils prennent tous la direction du nord :

La nuit est calme et la mer est belle.

Les 5 et 6 septembre 1944, nouvelles journées en mer, la grande bleue à perte de vue, la navigation en rangs serrés est protégée par quatre contre-torpilleurs sous pavillon français. La mer est toujours aussi calme.

Le 7 septembre 1944. Le matin, la mer est toujours calme, toutefois le temps semble se rafraîchir légèrement et il fait même un peu froid en fin d’après-midi.

La mer commence à se fâcher à son tour et il y a plusieurs malades dans les escadrons. Dans la nuit, la mer se calme.

8 septembre 1944. Il fait frais le matin et dans l’après-midi la mer recommence à s’agiter.

Dans la nuit, c'est la tempête, les chars brisent leurs chaînes d’amarrage et sont projetés sur les parois du bateau à chaque coup de roulis. Intervention des équipages dans la tempête pour les immobiliser contre des parois du bateau.

C’était épouvantable et dangereux, les chars expédiés comme des béliers contre les parois du bateau, risquaient à tout moment de provoquer de très graves avaries.

La plupart des hommes perdent leur allure de conquérant et, le visage déformé par le mal de mer, se déplacent, tenant entre leurs mains le fameux casque américain métallique réputé pour son étanchéité.

Pour diminuer le danger, les équipages tentent de bloquer les chars entre eux contre une des parois du bateau.

L’opération est heureusement réussie grâce aux personnels du L.S.T et au courage de certains membres des équipages ne craignant pas le mal de mer.

Le 9 septembre 1944. Au lever du jour, les côtes de France en vue. 

Au large SAINT-TROPEZ et à droite la ville de CANNES que les équipages distinguent assez bien.

Sources : Robert PENICHOT – Mémoires. Président de l’Amicale des vétérans du 2ᵉ Régiment de Chasseurs d’Afrique.

À l’aube, les côtes de PROVENCE s’estompent dans la brune.

Rassemblés sur les ponts des navires, les escadrons saluent avec émotion la terre de FRANCE retrouvée. L’impatience des mauvais jours d’attente fait place à la sérénité des espoirs réalisés.

Le saisissement, l’agitation avec le retour pour les uns, la découverte pour les autres.

À la fin de l’après-midi, les L.S.T échouent doucement par la poupe sur la plage de SAINT-TROPEZ. Les portes des cales s’ouvrent et les chars prennent contact avec le sol de FRANCE.

Les premières images de la guerre pour le 2ᵉ Régiment de Chasseurs d’Afrique, les épaves des blindés, des véhicules et des batteries. La vision des constructions endommagées ou détruites.

 « Alors, le débarquement des chars commença. Chacun des bateaux alla échouer sa proue sur le sable de la plage après avoir jeté l’ancre de poupe à la mer et l’avoir laissé filer. (Cette manœuvre était destinée à permettre au bateau de sortir de son échouage une fois les chars débarqués).

Nos chars sortirent les uns après les autres du bateau. Ils n’eurent que quelques mètres d’eau à franchir pour atteindre la plage. (Nous n’avions rien à craindre des Allemands qui avaient été bousculés et repoussés jusqu’à MONTÉLIMAR et les Allies avaient la suprématie aérienne).


L’effectif du régiment était constitué d’environ 50% de métropolitains et de 50% de Français d’Algérie. Beaucoup de ces derniers n’étaient jamais venus en France et il fut très émouvant d’en voir certains sauter de leur véhicule pour embrasser le sol de France qu’ils foulaient pour la première fois.


Après avoir débarqué, formé un convoi, longé la corniche et traversé SAINTE MAXIME, le régiment arrive à COGOLIN (proximité de SAINT-TROPEZ).


Les équipages débarrassent les chars des cheminées d’admission d’air et d’échappement des moteurs qui leur auraient permis de se déplacer au moment du débarquement avec une hauteur dans l’eau de plus de 2 mètres. »


Sources : Robert PENICHOT. Président de l'Amicale des vétérans du 2° RCA - Bulletin de liaison 2003

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