20241219

1944.11.14. L'offensive du Doubs - CHAZOT - ORVE.

 




Malgré un temps effroyable, la pluie, la neige, le froid et les rivières débordantes, la course au Rhin est décidée, elle se développera le long de la frontière Suisse.

Actualisation décembre 2024.

Le général De LATTRE déclenche son offensive à partir du 14 novembre 1944.

En face, les allemands, trompés par la stratégie mise en place, par le commandant de la 1ʳᵉ Armée, s’apprêtent tranquillement à prendre leur quartier d’hiver.

Un bombardement d’une violence inouïe se déclenche sur la tête des allemands totalement surpris. Le 1ᵉʳ Corps d’Armée du Général BETHOUART Antoine a lancé la 9ᵉ Division d’Infanterie Coloniale, la 2ᵉ Division d’Infanterie Marocaine, et la 5ᵉ Division Blindée.

À FALLON, PC de la 2ᵉ Division d’Infanterie Marocaine où le général De LATTRE suit les opérations durant tout l’après-midi, décide de mettre sans délai la 1ʳᵉ Division Blindée et notamment le combat Command 3 (Colonel CALDAIROU) à la disposition du Général BETHOUART.

SOURCES : Ouvrage - Histoire de la 1ʳᵉ Armée Française - Rhin - Danube - Maréchal de LATTRE De TASSIGNY - Pages 266-267

Pendant ce temps, Le capitaine VIÉ commandant le 1ᵉʳ escadron, remplace le capitaine de CHARNACÉ muté à l’État-Major de la division comme chef du 3ᵉ escadron.

Le lieutenant de NAUROIS prend le commandement du 1ᵉʳ escadron.

Dans la nuit, le régiment reçoit l’ordre d'être prêt à faire mouvement dans un délai de trois heures.

Dans la nuit glaciale du 14 au 15 novembre 1944, on nous réveille à 2 h15 pour nous avertir que nous allions partir. Où ?... Nous l’ignorons. Départ prévu à 3 h 45.

C’est alors l’effervescence, la fièvre des départs qui s’empare de nous, on emballe tout, couvertures, sac à paquetage, tenues, chaussures, etc. et les quatre gros paquets ainsi formés (un par membre d’équipage) sont roulés dans la bâche du véhicule que nous fixons ensuite à l’arrière du char.

La bâche sert surtout à protéger nos affaires de la poussière, de la pluie ou de la neige. Elle nous permet aussi de rassembler tous nos ballots ou nos paquets pour les fixer derrière le char, à l’arrière des moteurs. Nous l’utilisons aussi et assez souvent pour nous protéger la nuit lorsque nous devons la passer à la belle étoile.

Nous nous interrogeons sur la destination que nous allons prendre ? Nous l’ignorons toujours… on ne nous a rien dit.

Nous pensons malgré tout à la « poche de ROYAN » car un bruit court depuis près d’un mois, que la 1° D.B doit y aller en renfort.

Cela ne saurait nous déplaire, parce que la neige, le froid et la difficulté à manœuvrer dans les VOSGES nous ont un peu « refroidis » disons plutôt « rebutés ».

Le signal du départ nous est donné vers les cinq heures du matin, il fait froid de canard et les routes sont recouvertes de neige gelée qui la transforme en patinoire.

Nos chars roulent donc sur une petite route sinueuse, ondulée et verglacée. Les patins en caoutchouc de nos chars n’adhèrent pas bien sur la glace et ceux-ci ont la tendance fâcheuse, d’aller se vautrer dans l’un des deux fossés qui bordent la route, et cela, sans préférence particulière, le fossé droit aussi bien que le gauche.

Le résultat est le suivant. Une chenille dans le fossé agit exactement comme si le char était monté sur des rails, il ne sort plus du fossé par lui-même à cause du manque d’adhérence des patins. Il roulera certes, mais il restera dans le fossé… il ne pourra pas s’en sortir tout seul.

Pour cela, il n’y a que les remorquages qui permettent de les remettre sur la chaussée, et cela, au prix de manœuvres rendues encore plus pénibles par le grand froid.

Les câbles de remorquage sont gelés, et nous n’avons pas de gants, pas plus d’ailleurs, que de vêtements et de chaussures d’hiver.

En effet, le convoi qui devait nous livrer nos effets d’hiver a été intercepté par les allemands. Maintenant, nous souffrons beaucoup du froid, en particulier, aux pieds. Lorsque nous avons les pieds bien gelés, nous pensons alors, avec la rage, que nos snow-boots sont en train de réchauffer les pieds de nos ennemis, cependant bien mieux chaussés que nous.

Tout en roulant, nous nous rendons compte rapidement que nous nous dirigeons, non pas vers l’Ouest, comme cela devrait être, mais plutôt vers le sud-est.

Nous continuons donc notre route avec les mêmes difficultés (surtout le froid). Enfin, le jour se lève. La route est à présent beaucoup plus large et nous traversons de nombreux villages aux noms inconnus pour nous.

Soudain, environ 6 heures après notre départ, j’arrive à lire avec difficulté sur une borne kilométrique peu recouverte de neige et de glace, « ORVES** 3 km».

NOTE : Il ne s'agit pas d'ORVES, mais bien d'ORVE, village situé sur la chaîne du LOMONT - Col de FERRIERE - Aujourd’hui dans la Communauté de communes du « Pays de SANCEY - BELLEHERBE

J’ignore totalement où se trouve cette petite ville ou ce gros village jusqu’au moment où je lis sur une autre borne située un peu plus loin, « BESANCON 14 km ».

Je crie alors dans l’interphone pour avertir l’équipage qui n’a peut-être pas vu la borne que nous sommes près de BESANCON et que nous n’allons donc pas à ROYAN , comme nous le supposions. En effet, nous sommes dans la direction opposée et nous nous rapprochons ainsi de la SUISSE. 

Nous sommes perdus dans nos suppositions quand nous pénétrons dans un village, nous pouvons lire sur le panneau situé à l’entrée : « ORVES** ».

Tout le convoi s’arrête et les chars forment un long cordon en bordure de la route.

Nous pouvons enfin sortir de nos véhicules et marcher un peu sur la route pour nous dégourdir un peu les jambes.

Par radio, les ordres arrivent. « ORVES** est notre point de destination pour aujourd’hui. Chaque peloton va recevoir une zone de stationnement » et la radio de continuer. "Repos, entretenez vos chars, votre armement et préparez-vous à passer la nuit dans le village."

Avec mon groupe de char, nous avons la chance de trouver une grange libre. Il y a de la paille qui permettra de dormir dans de bonnes conditions.

Personnellement, je vais me réchauffer chez les propriétaires qui ne sont guère accueillants".

SOURCES : Mémoires PENICHOT Robert (Membre du 1er Escadron - Président - Fondateur de l’Association des anciens et de l’Amicale des Vétérans du 2ᵉ Régiment de Chasseurs d’Afrique - Bulletin de l’association septembre 2006.

En effet, le régiment s'est mis en route avant l'aube du 15 novembre, en direction de CHAZOT

Il doit appuyer une action de dégagement de la boucle du Doubs par la 9ᵉ  Division d’Infanterie Coloniale (D.I.C).

Les 16 et 17 novembre 1944, les escadrons d'USSEL et de LAMBILLY, se sont projetés dans la région d'ÉCOT.

Le char DENAIN (Maréchal des Logis ARNOLD) du 4ᵉ escadron (de LAMBILLY) est mis en flammes par un Panzerfaust, les membres de l'équipage sont heureusement indemne..

SOURCES : Mémoires - Carnet de Route DEPOLLIER Georges (4ᵉ Escadron).

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