BRUNSTATT. Blindé non identifié du 2ème Régiment de Chasseurs d’Afrique. Sources Bulletin de la commune de BRUNSTATT 1994.
Actualisation décembre 2024.
Le 20 novembre à 10 heures tous les groupements se trouvent dans la région de MAGGSTADT – SIERENTZ.
Comme la veille, le C.C.3 est scindé en trois groupements
qui doivent se porter, l’un sur BRUEBACH-BRUNSTATT (de LEPINAY), l’autre sur
ZIMMERSHEIM -MULHOUSE (GARDY), le 3 troisième sur HASHEIM – L’Ile NAPOLÉON
(DEWATRE).
De plus, un détachement N°4, est constitué comprenant une
compagnie du 6ème Régiment de Tirailleurs Marocains (capitaine
COLONNIER) un peloton de reconnaissance et un peloton de T.D, marche à l’Est de
la Harth, en direction du pont de CHALAMPÉ.
Les groupements de LEPINAY et GARDY progressent vers
MULHOUSE pendant que le groupement DEWATRE prend pour objectif, l’Ile NAPOLÉON
à 2 km Nord-Est de cette ville.
Vers 16 heures, le C.C.3 atteint BRUNSTATT, l’entrée sud de
MULHOUSE et s’empare de l’Ile NAPOLÉON. À l’est de la Harth, le détachement 4
attaque HOMBOURG.
Au cours de sa progression sur BRUNSTATT, l’élément de tête
du groupement de LEPLINAY après avoir dépassé RANTZWILLER, se trompe de route à
BRUEBACH et continue sa route vers MULHOUSE.
Il est entré le premier du groupement dans MULHOUSE avant
l’heure prévue sans le savoir. Même si ce fait peut être important en soi, il n'a
bien entendu aucune portée historique, cependant pour les équipages du peloton
cette erreur modifie le cours de leur destin.
Sources : Ouvrage municipal BRUNSTATT Libéré 20 Novembre 1944. Journal de Marche 2ème Régiment de chasseurs d’Afrique.
"Comme ces derniers jours, on nous réveille en pleine nuit à 4 heures du matin par des cris poussées par des gradés du Poste de Commandement " départ dans trois quarts d'heure" Comme d’habitude, les sacs sont refaits, fermés et roulés dans la bâche du char qui reprend sa place habituelle.
Le café est ingurgité rapidement et chacun suce un bout de dextrose comme petit déjeuner. Je suis désigné comme groupe de tête, ce qui veut dire que mon char de pointe « le LOUP» roulera en tête du Groupement. Je le suivrai évidemment de très près pour le soutenir à tout moment.
Je n’ai pas de carte, aussi on me donne l’itinéraire que nous devons suivre pour aller à BRUNSTATT, banlieue en quelques sortes de MULHOUSE.
C’est facile me dit-on ! « Il faut suivre la route sur laquelle nous nous trouvons. C’est tout droit, il faut traverser les villages suivants : KOETZINGUE, RANTZWILLER et BRUEBACH.
Alors, après ce village, vous trouverez une route sur votre gauche qu’il vous faudra emprunter pour arriver à BRUNSTATT. Les allemands ont été obligés de décrocher cette nuit à cause de la manœuvre du 4ème escadron, mais prenez garde, ouvrez quand même bien les yeux »
Le LOUP Char de pointe roule prudemment surveillant les points dangereux du parcours. La route est plate et ne paraît pas dangereuse.
Le BELIER lui chausse les bottes, car nous avons surtout peur des tireurs de Panzerfaust qui attendent souvent, dans un trou à terre rapportée, le passage du premier char pour le prendre à partie à bout portant.Ci-dessus : char Bélier (debout à gauche à droite) : -MEYERE - ROMERO - VALVERDE - ERADES. 1° rang CHOINE - GUILLAUME. Photographies: Lieu non identifié - Probabilité REGUISHEIM - Collections privées Bernard ERADES - René MEYERE.
Char Lion (de gauche à droite) : adjudant-chef BEAUSSIRE - PLANTIN - LARRIEUX - FABRE - Debout) ADGER du 2° escadron (Char ANGERS) Victime le 17 avril 1945 à BERGHAUPTEN (Allemagne) d'une mine. Collection privée de Joseph PLANTIN.
Si le char de soutien est trop loin,
le coup peut réussir, mais au contraire, s’il est derrière à proximité du
premier, surveillant bien les côté de la route, le tireur ennemi peut-être vu
tout de suite et mis hors de combat.
À l’entrée d’un village, nous apercevons la population rassemblée au bord de la route. Elle gesticule de joie… (En principe nous ne risquons donc rien, aussi nous ne perdons pas de temps et nous traversons le village sous les acclamations des villageois)
C’est le même scénario au village suivant KOETZINGUE et enfin au troisième RANTWILLER, c’est l’apothéose.
Les filles, voyant le premier
drapeau Français fixé sur la grille de protection d’un des phares de mon char,
disparaissent un moment pour réapparaître peu après, les bras chargés de
fleurs.
Elles en couvrent nos chars… Ce sont les fleurs qui avaient été déposées quelques jours plus tôt, lors de la Toussaint, sur les tombes du cimetière du village".
NOTE : Cette anecdote sera en 1991, confirmée par les villageoises, lors d’une manifestation de souvenir à BRUNSTATT. Sources : Bulletin de l'Association des Vétérans du 2° R.C.A - Juillet 1991.
À gauche : La tour du Belvédère (observatoire) construite en 1898
(Treillis d'acier) située sur les hauteurs de MULHOUSE.. Au centre : Un officier allemand tué dans les combats de nuit du 19 au 20 novembre 1944 - Sources : Bulletin municipal de BRUNSTATT. À droite : Char du 1° escadron (non identifié) Sources : Bulletin
municipal de BRUNSTATT.
" Nous continuons toujours prudemment et nous arrivons à BRUEBACH. Il n’y a personne dans les rues… nous nous méfions… et roulons au pas. Vers la fin du village, il y a bien une sorte de carrefour où sont plantés de nombreux panneaux avec des inscriptions en allemand mais rien n’indique que c’est la route de BRUNSTATT, alors, nous continuons notre route.
En effet, on nous a dit « la route après BRUEBACH » or celle-ci étant dans le village ne peut être que la route de BRUNSTATT. C’est évidemment la raison pour laquelle nous continuons notre chemin.
Une petite forêt nous fait redoubler de vigilance, les doigts sur la détente nous continuons notre progression jusqu’au moment et nous en sortons et nous en sortons après deux à trois kilomètres.
La route est alors bordée de haies
très bien taillées. Derrière celle-ci, il y a des petits jardinets encerclant
de petites villas. C’est le paysage habituel des banlieues. Nous sommes
étonnés.
Une sorte de tour métallique érigée sur la colline se trouve sur notre gauche,
elle ressemble à un observatoire. Je n'ai malheureusement pas de jumelles. J'ai
bien récupéré un monoculaire de tranchée datant de la grande guerre, mais il
est difficile de l'utiliser car le moindre petit mouvement est multiplié par la
longueur du périscope rendant l'observation très difficile.
Les américains nous avaient bien livré les chars neufs avec tous leurs équipements. Avant qu’ils soient livrés aux unités, une partie de ces équipements avaient disparu. Les montres des chefs de chars, la lampe électrique, et évidemment les jumelles manquaient. Ces trois articles, m’a-t-on dit, avaient été volés, ils étaient en vente paraît il dans les rues d’ORAN.
J’utilise mon monoculaire et je vois sur l’observatoire ! Des allemands qui nous regardent eux aussi, mais avec de vraies jumelles. Ils gesticulent pour avertir probablement certains de leurs éléments se trouvant à proximité."
Je le signale à mon chef de
peloton (Adjudant-Chef BEAUSIRE char LION) qui
nous suit avec son char. Il est équipé lui de vraies jumelles et me confirme
bien, quelques secondes plus tard, que ce sont bien des allemands."
" Nous sommes encore un peu trop loin pour les canarder aussi nous continuons notre route comme si nous ne les avions pas vus.
À quelques cent mètres plus loin POISSON, mon tireur, aperçoit sortant d’une haie une sorte de boule métallique. Cela ressemble à un Panzerfaust. Un coup de canon et une rafale de mitrailleuse règle l’incident. Le LOUP a été ainsi épargné.
POISSON, commence alors à arroser l’observatoire, imité par les autres chars du peloton.
J’ai vu un allemand projeté par-dessus la rambarde de cette espèce de mirador par l’explosion d’un obus. Moi-même, buste hors de la tourelle je ne peux résister de les arroser copieusement avec ma mitrailleuse. Quant aux allemands qui restent…ils descendent en catastrophe et disparaissent. Nous continuons encore de progresser lorsque j’aperçois sur un petit panneau : « zoologic Garden »
Mon char est équipé d’un S.C.R 508.*qui me permet de pouvoir être à l'écoute sur deux réseaux. C’est à ce moment-là que j’entends sur la fréquence de commandement, le colonel De LEPINAY apostropher le lieutenant De NAUROIS, notre commandant d’escadron de la façon suivante : « Mais qu’est-ce que vous fichez la bas ? »
NOTE : Le S.C.R (Signal Corps Radio) : Poste radio émetteur - Récepteur fonctionnant sur des ondes métriques en FM.
Je ne me souviens pas s’il a dit
« fichez » ou « foutez », mais ce qui est sûr, c’est qu’il
paraît en colère.
De mon côté, je comprends
immédiatement que nous nous sommes trompés et que nous n’avons pas pris la
bonne route.
Cela m’explique alors pourquoi nous n’avions pas trouvé cette fameuse route située soi-disant à gauche après BRUEBACH.
Nous faisons demi-tour et nous rejoignons le groupement De LEPINAY. Nous étions en tête du groupement quelques minutes plus tôt, et maintenant, nous sommes en serre file, en fin de colonne.
Obligés de rebrousser notre chemin
nous sommes arrivés à cette fameuse route que nous aurions dû prendre pour
aller à BRUNSTAT et que nous n’avons pas trouvée.
C’était elle qui formait ce fameux carrefour aux nombreux panneaux portant des
inscriptions en allemand décrite précédemment. C’était la dernière rue du
village Elle se trouvait à l’intérieur du village et non pas après cette
localité."
Le colonel DE LEPINAY privé
de ce dernier, demande au 3ème escadron du
capitaine VIE de le remplacer, et c’est ainsi que le
chef REYNET (1er peloton - lieutenant GODARD) prend
la tête du détachement en remplacement des éléments du 1er escadron.
Le groupe de chars qui était précédemment en tête du groupement se retrouve maintenant en queue pour rejoindre BRUNSTATT.
Tout se passa bien, jusqu’à l’entrée dans BRUNSTATT. En arrivant face à la route de ZIILISHEIM, de violents combats s'engagent.
Le peloton se fait accueillir par des tirs de Panzerfaust, un char est détruit (GASCOGNE), un autre légèrement endommagé.
Qu’en aurait-il été pour les chars légers M5 A1 STUART du 1er escadron,
s’ils étaient passés les premiers comme prévu dans BRUNSTATT, cette erreur
d'itinéraire était une providence.
Leur blindage, beaucoup
plus faible que celui des SHERMAN, n’aurait pas assuré aux équipages la même
protection… il y aurait eu certainement une hécatombe.
Nous arrivions à BRUNSTATT où l’accueil que les allemands nous réservèrent ne nous permit pas de fraterniser avec la population à cause des combats sporadiques qui durèrent toute la nuit.
Aidés des Zouaves du 2ème (notre infanterie
d’accompagnement) un bon nombre d’allemands furent tués ou faits prisonniers,
un train de blessés qui stationnait sur la voie ferrée fut capturé.
Si la nuit fut longue, le sommeil, lui fut très court à
cause des combats et des préparatifs de l’assaut de MULHOUSE que nous devions
mener dès le lever du jour et nous n(eûmes que des contacts très brefs avec les
habitants de BRUNSTATT.
Sources : Mémoires de Robert PENICHOT (1919-2008)
Chef de peloton et du char Bélier. (1er escadron – Capitaine de
NAUROIS. Sources : Bulletin de l'Association des Vétérans du 2ème
Régiment de Chasseurs d’Afrique. - Décembre 2004.
En fait l'échange était "Tier Garden" qu'ils n'ont pas su traduire correctement et non" zoologic Garden"
Une situation qui a renforcé leur erreur. Le zoo de MULHOUSE est placé sur les hauteurs - le Reeberg- qui débouche sur la gare avec BRUNSTATT à sa gauche. Quand le LOUP et le BELIER ont débouchés des patrouilles à vélos de Volkstum * les ont vues"
Mon grand-père, dans la situation de
Volkstum* m'a rapporté.
"Alors en faction près de la gare au niveau du canal et du pont
d'ALTKIRCH a vu débouler à tombeau ouvert en vélo dans la descente venant du
zoo et débouchant sur le pont, un collègue qui criait en alsacien (et non en
allemand)
" D'franzosa kumma-les français arrivent" Aussitôt, le réflexe a été de flanqué tout le bardas dans le canal et d’enfourcher le vélo et de rentrer au plus vite en prévenant les passants"
SOURCES : Association des Amis de la Libération des Pays du FLOREAL - Président de l’association HERTZOG Claude.
NOTE : L'arrivée du C.C.3 à MULHOUSE, a empêché de quelques jours, le
départ de ces hommes enrôlés de force dans la Wehrmacht vers le front de l'Est,
notamment le grand-père d'HERTZOG Claude, vétéran de 1940 du 503° RCC pour la
TECHCOSLOVAQUIE.
Volkstum : Alsacien
au-delà de 45 ans enrôlé de force, en attente de son départ pour la Wehrmacht.
NOTE: Merci
à Claude HERTZOG, qui par sa connaissance de la région, ses
commentaires et ses archives…m’apporte une aide précieuse.
L'association
qu'il préside a pour objectif de constituer un conservatoire de la mémoire
locale du Pays de Florival notamment la libération de 1945, en partant de
l'occupation puis à travers l'histoire des "malgré nous" .
Le 3ème escadron auquel j’appartenais en tant qu’aide conducteur mitrailleur sur le char Picardie se dirigea vers BRUNSTATT. A 5 ou 6 km de l’entrée de la commune, nous nous sommes arrêtés et déployés en éventail, en position d’observation en attente des ordres du Commandant.
Vers 16h30, ordre nous fut donné par radio de redémarrer,
le Picardie étant en 4ème
position. A l’entrée de la ville, en arrivant au carrefour face à la route de
ZILLISHEIM, le char de tête le Gascogne est mis hors de combat par un Panzerfaust
près du café. Le projectif atteignit le char à la base de la tourelle côté
sortie du tube-canon de 75, et détruisit le canon de la mitrailleuse de 30,
mettant hors d’usage ses armements.
Lors du passage du projectif, le périscope fut détruit et le chasseur ASCENSIO Émile est blessé à la hauteur des yeux, il restera aveugle. La progression des chars du 1er peloton continua sans autre réaction de la part de l’ennemi. Le lieutenant GODARD donna l’ordre au Picardie de prendre position sur la route de ZILLISHEIM à environ 20 mètres du carrefour. La nuit commençait à tomber. Ordre nous est donné de régler nos armes en cas de tirs de nuit afin de ne pas faire de dégâts dans les maisons.
Nous devions « balayer » la route en cas d’une attaque éventuelle.
Vers 19 heures, une section d’accompagnement avait pris
position à côté de notre char. C’étaient des chasseurs à pied, un sous-officier
et 4 hommes se servant d’une mitrailleuse de 30 à trépied.
Vers 21 heures, des coups de mitrailleuses et d’armes
individuelles sont entendues. Notre chef de char nous informe que cette attaque
provient d’un petit convoi d’intendance allemande qui se repliait, tous feux
allumés. Le convoi fut mis hors de combat. Le restant de la nuit se passa dans la calme le plus complet.
Sources: Mémoires de PARODI Émile. Membre du Picardie. Narration sur l'entrée du 3ème escadron dans BRUNSTATT. Bulletin municipal de la commune 1994
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire