Char (non identifié) du 3ᵉ escadron du capitaine VIÉ. Les terribles combats de la nuit de GALFINGUE.
Actualisation décembre 2024
À la
tombée de la nuit, les éléments de tête du groupement atteignent les lisières
est de GALFINGUE fortement tenues par les allemands.
Le
détachement ne se doute pas que ce paisible endroit allait, dans quelques
heures, après un charmant prélude, être le théâtre d’une étourdissante symphonie,
pour Panzerfaust qui faillit bien
tourner en « marche funèbre ».
Décidés
de passer à l’attaque, les chars du 3ᵉ escadron et la compagnie du
2ᵉ Zouaves (Capitaine FAUGERE) pénètrent dans les rues étroites de
GALFINGUE, propices aux embuscades
Dès les premières maisons, un bazooka immobilise un char
léger, aussitôt, le Tonkin s'avance, au plus près, lâche quelques rafales et un
obus de représailles met le feu à une grange, La fumée est gênante, mais les
flammes apportent une réconfortante clarté.
NOTE : Sources Mémoires MEYERE René. Le char léger du 1er
escadron bazooké est le Lion. L'équipage commotionné est indemne hormis Jean
FREMONT grièvement brûlé par les coulées de métal en fusion.
Les fantassins mettent pied à terre et commencent à
tirailler. Le Tonkin reprend sa marche, lentement, suivi du peloton ; les
mitrailleuses prennent à partie tout ce qui est encoignures et recoins. Le
capitaine VIÉ marche en tête, à pied, sa mitraillette sous le bras.
Tonkin est à son tour bazooké, mais sans mal. CHEVALLIER en
descend, le mauvais œil, suivi de son char. Les coups de feu et les rafales se
succèdent rapidement, les incendies se propagent et l'atmosphère ne sont pas très
rassurant.
GALFINGUE. Lieu des combats de la nuit du 25 novembre 1944. Aujourd'hui Place du 2ᵉ RCA. Sous la fenêtre de la maison (plaque commémorative FERNANDEZ- TRIVIER.
Les premiers prisonniers arrivent ; ce sont pour la plupart
des Russes volontaires, encadrés par des S.S. Bientôt, une bonne partie du
village est entre les mains du détachement. (Environ 80 prisonniers, 2 canons
de 77 abandonnés).
Le
Colonel arrive sur les lieux, suivi de son immense colonne qui embouteille
complètement la partie centrale du village. Les ordres sont aussitôt distribués
et le dispositif de nuit, pris. Les issues seront gardées vers HEIMBRUNN par les chars (Alsace, Touraine,
Moselle et Morbihan), vers BERNWILLER (Île-de-France, Maroc, Anjou
et Béarn, plus de canons de 57), vers SPECHBACH, par une charrette placée en
travers et les chars de volant.
Au
centre du village, le PC du colonel, l’infirmerie et les autres unités du
groupement. Tout le monde s'organise, se restaure, et prend ses dispositions
pour passer la meilleure nuit possible dans les chars.
Les
chars du 3ᵉ peloton sont en
quinconce dans la rue. Devant eux, un 57, à droite, près du transformateur, un
autre à gauche, une section de zouaves occupe les lisières de cette partie du
village.
Une première fusillade surgit dans la nuit tout d'un coup,
vers 1 h 50... assez soutenue, nourrie. Puis, subitement, l'orage éclate,
tonitruant et fantastique de tous les côtés, les obus arrivent en trombe,
déchirant l'air à une vitesse impressionnante.
Les mitrailleuses de 20, emmêlent rageusement leurs
traînées de feu, rasent les toits et leurs éclatements secs sont bientôt
renforcés des magnifiques et flamboyantes explosions des Panzerfaust qui
tombent un peu partout, tirés d'on ne sait d'où...
Soudain, une forme imprécise, mais, impressionnante surgit, avant de se rendre compte de quoi que ce
soit, cette ombre crache une flamme gigantesque… Le 57 du transformateur reçoit
de plein fouet un obus qui le met en morceaux. Pauvres servants.
La pièce à gauche tire à bout portant, mais son
intervention attire une réplique brutale qui la met hors de combat, la maison
de droite est en feu et dégage une fumée âcre et épaisse, le half-track qui est
juste au pied du mur est lui-même touchée en plein...il vomit immédiatement
une lourde fumée noire qui prend des aspects terrifiants sous les lueurs de
l'incendie... Une forme, probablement le conducteur, en jaillit en torche, et,
frénétiquement, se roule à terre dans d'horribles souffrances.
Le half-track de gauche subit le même sort. Et bientôt, la
nuit devient dantesque. La fumée gêne terriblement, un écran opaque s'est formé.
Tout le monde tire au jugé, il faut se garder de tous côtés, sachant que les fantassins allemands qui se sont infiltrés, prodiguent des bazookas et des rafales d'armes automatiques.
Des deux côtés, une gigantesque sarabande de mitraille et
d'obus se déchaîne et le duel devient sauvage. L’Anjou n'évite que de justesse un
boulet qui fracasse le mur contre lequel il se trouve. Les chars Maroc et l'Île-de-France tirent tant qu'ils peuvent, le Béarn est touché de plein fouet,
heureusement ce n'est qu'un explosif. Soudain, l'écran de fumée se déchire.
Un "frein de bouche" apparaît alors à 40 mètres, crachant, fumant, sûr de lui. Puis soudain plus rien, une fumée noire et rouge l'entoure et le happe au même moment, le lieutenant de SAINT-TRIVIER (1er escadron) qui, descendu de son char, est venu en personne se rendre compte de la situation, tombe au milieu de la rue, mortellement atteint.
L'IIe-de-France se
déplace alors et, prenant la rue d'enfilade, lâche droit devant lui, au ras du
sol, deux perforants coups sur coup ; une immense flamme jaillît là-bas. Touché !
Une avalanche d'obus et de balles déferle sur cette
carcasse qui commence à exploser et soudain la fusée verte (signe du repli chez
les allemands), monte et illumine le sol. Les zouaves se précipitent dans un
magnifique élan, embrochent quelques fuyards, mais le gros s'est déjà sauvé.
Un calme impressionnant succède à l'infernal tapage, rien,
on n'entend plus rien, si ce n'est les craquements des maisons qui brûlent et
s'effondrent et la chanson des étincelles qui s'envolent. Les minutes ne
passent toujours rien. Les hommes attendront ainsi jusqu'au lever du jour, les
yeux brûlés de sommeil et les nerfs en pelote.
Devant le triste spectacle, éclairé d'un jour sale et
grisâtre, de ces cadavres, de ces carcasses tordues par le feu, de ces deux
canons détruits, écrasés par le gros fantôme qui est là, lui-même, encore
fumant et lamentable. Après avoir fait ses premiers dégâts, il s'est aventuré
confiant ; et qu'un obus, probablement tiré par le Maroc lui a coupé une
chenille, c'est alors qu'il a voulu reculer et que, ce faisant, il a fort
agréablement présenté le flanc aux perforants de l'IIe de France.
Le blindé (Jagdpanther)
allemand victime d'un obus du Maroc (sa Chenille coupée et achevé aux perforants de l’Île-de-France. Sources photographies : Ouvrage 2ᵉ RCA au combat.
Soixante-dix-sept blessés sont passés au poste de secours durant cette nuit où le médecin auxiliaire TEBOUL a été grièvement blessé. (Aspirants LAVIGNE, BARTEL, FIEUJAN qui mourra quelques jours plus tard et combien d'autres).
NOTE : Le sous-lieutenant
EYRIN et le maréchal des logis-Chef COLONNA d’ISTRIA, du peloton de mortiers seront
également gravement blessés. Plusieurs chars seront atteints par la grêle de
projectiles
Les renseignements qui arrivent au groupement apprennent avec
un certain froid dans le dos que 10 de ces automoteurs avaient encerclé le
village, et que profitant de leur soutien massif, l'un d'eux avait tenté de
forcer le passage escorté d'une compagnie de fantassins abondamment dotés de
panzer Faust et d'armes automatiques.
L'ennemi a fui, le village a souffert, cependant le groupement est quant à lui resté. C’'est avec une juste fierté qu'ils se souviennent de cette nuit de cauchemar, de cette nuit de victoire
Sources rédaction : Extraits de la narration issue de l'ouvrage 2ᵉ Régiment de chasseurs d'Afrique au combat.
NOTE : Le 2ᵉ Zouaves, bataillon d’infanterie d’accompagnement du régiment, a laissé de nombreux combattants à GALFINGUE, parmi ceux identifiés : AHMED Yettou Abed - BADETS André Jean - Caporal BERNOVILLE Armand - BLAHA Abdelkader - HATTAB Boulenouar - Caporal-chef LUCAS Jean.





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