Cimetière de BURNHAUPT et stèle commémorative route de BERNWILLER.
" Ici reposent mêlés dans la mort comme ils le firent
au combat cinq jeunes héros de l'Armée d'Afrique tombés glorieusement pour la
libération de l'ALSACE le 27 novembre 1944 - 1° Division Blindée - 2° Régiment
de chasseurs d'Afrique - Sources : www. Mémorial Gen web.
Actualisation juillet 2025.
27 novembre 1944 au matin. Le peloton GODARD, laissé en appui à ZILLISHEIM, avec trois de ses chars et un half-track, rejoint le reste de son escadron.
Pendant quatre jours, il essuya de violents tirs de Minen et d'armes automatiques à balles explosives, lors de ses affrontements le maréchal des logis Émile ADRIAN affecté sur l'un des chars a été blessé.
Dans l'après-midi, le 3ᵉ escadron reçoit la mission de se rendre BERNWILLER.
À 13 heures, les pelotons accompagnés d'un détachement de zouaves sont accueillis dès la première crête par quelques rafales de 88, des explosifs qui
mettent à mal les fantassins. Le détachement est dans l'obligation de s'arrêter, sollicitée l'artillerie arrose
copieusement le village.
L'ennemi n'ayant plus apparemment de réactions, les pelotons avancent prudemment vers le village, tout en mitraillant de tous ses tubes, ils pénètrent dans les premières
rues du village à travers un épais rideau de fumée, les maisons des lisières flambent.
De toutes parts derrière
surgissent les habitants qui viennent les acclamer alors que le détachement
mitraille encore systématiquement par
crainte des panzer Faust.
Par un hasard dû aux manœuvres pour aborder le
village, le char Alsace (Aspirant CHEVALLIER)
se trouve en tête du détachement de chars, autour de lui, c'est une foule
en délire.
Devant la dérobade allemande. Le chef d'escadrons DEWATRE commandant le groupement décide de se lancer à la
poursuite des fuyards malgré la nuit proche, et de gagner le prochain
village, BURNHAUPT-LE-BAS.
Il faut faire vite, les chars foncent seuls sur la route, dans l'ordre l'Alsace (CHEVALLlER), le Morbihan (MICHAUD), le Gascogne (REYNET), le Moselle (ROSSI), le Savoie (DARNEAU), le Roussillon (GODARD-SALETES), le Touraine (JAMET) et un peloton de Tank Destroyers (T.D).
Un kilomètre se passe sans incidents puis on entend à la
radio :"allô lieutenant GODARD de CHEVALLIER, il y a des coups qui tombent
devant moi, cela doit être notre artillerie qui tire trop court, veuillez les
prévenir".
"Allô, CHEVALLIER, les tirs d'artillerie ne sont pas déclenchés, observez bien"…
"Allo à tous de CHEVALLIER, ça y est vu ! On me tire de la gauche à 2 000 mètres, concentration de feux"
D'une crête sur la gauche s'allument des éclairs de départs, dans la fumée qu'ils crachent, une silhouette massive des automoteurs apparaît…
"Allô de JAMET, on nous tire aussi du bas du clocher du petit village sur notre gauche".
À 600 mètres est embossé un automoteur, la colonne de chars s'est immobilisée, toutes les tourelles sont à gauche et crachent tout leur feu.
D'un seul coup, le Morbihan est touché et explose. De toutes parts les obus pleuvent.
Beaucoup des coups sont au but, mais on les voit toutefois ricocher
dans une gerbe d'étincelles. De gigantesques flammes s'élèvent brusquement de l'Alsace, il vient lui aussi d'être touché.
Dans les chars, c'est un enfer, les chargeurs enfournent
les obus à toute vitesse, ruisselant de sueur ; les mitrailleuses sont rouges. C'est au tour des chars Savoie et Roussillon d'être pris pour cible. Si les deux chars sont touchés, tout le reste de la colonne aura sa retraite
coupée, de plus le tout-terrain est détrempé et il n'est pas question de quitter la
route. Il n'est plus question d'avancer.
La radio : "Tirez vos fumigènes, embossez-vous aux lisières du village…"
Un écran de fumée s'élève peu à peu devant les chars, les
automoteurs continuent à tirer au hasard. Sous le tir des explosifs, les chefs
de chars à pied guident les engins en marche arrière. Le repli, la nuit tombe, on
aperçoit au loin devant, les lueurs rougeoyantes des deux malheureux chars qui
continuent de flamber et d'exploser.
Le calme revient, les rescapés rejoignent le détachement de chars,
hélas, ils ne sont que deux (GARCIA R. et IBANEZ) ils signalent qu'il y a un
blessé par terre à côté de l'Alsace. FERRER, IBANEZ et le chef JAMET y
retournent en rampant : c'est MONSO qui est là dans le fossé, une jambe
arrachée, désespéré, cherchant à se tuer avec son colt qui heureusement s'est
enrayé.
NOTA : L’aspirant CHEVALLIER Jacques Marie. (1921-1944). BARDOUIL Jean (1925-1944) . CARRIERE Roger Louis (1920-1944). CHARLET Edouard Jean Baptiste (1921-1944). MICHAUD Louis André (1918-1944). MUNOZ Diego (1922-1944) sont calcinés à l’intérieur de l’Alsace et du Morbihan.
Ils seront inhumés à l’exception
de MICHAUD (Seul Corps identifié / Remis à la famille) dans une sépulture
commune au cimetière de BURNHAUPT.
Le lendemain, le groupement vengera les équipages de
l’Alsace et le Morbihan en matraquant les fuyards jusqu’à BURNHAUPT Le HAUT.
Il s'agissait, de plus, du même groupe d'allemands qui, le 25 novembre au soir, était à GALFINGUE
Sources : Robert PENICHOT - Membre du 1er Escadron
- Président et Fondateur de l’association des anciens et de l’Amicale des
Vétérans - Bulletin juillet 1991 de l'Association des vétérans du 2° R.CA.
NOTE : En septembre 1998 : MONSO André (1921- 2003) qui, grâce à la solidarité et au courage de ceux qui sont allés le chercher près de son char, est revenu avec l’aide de son frère sur les lieux du drame pour la première fois depuis 1944.
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