Janvier 1945. Les conditions atmosphériques sont épouvantables (tempêtes de neige, verglas, températures en dessous de 15°, les escadrons attendent de pouvoir sortir de cet engourdissement dans lequel les plongent le froid et l’inactivité.
Actualisation Janvier 2025.
Le régiment est rassemblé dans la région d’ASPACH Le BAS dans l’attente de passer vers le nord est pour une nouvelle offensive.
SOURCES : 2ème Régiment de Chasseurs d’Afrique au combat 1942 - 1945. Page 26
Le 8 Janvier 1945. Le général Aimée SUDRE, ancien chef de corps du 2ème Régiment de Chasseurs d’Afrique (Février 1942 – Mai 1943) prend le commandement de la 1ère Division Blindée, il succède au général Jean Du VIGIER (capitaine au 2ème R.C.A en 1919).
Le 20 janvier 1945. L’annonce de la grande offensive. Le régiment est à HECKEN (Commune située à mi-chemin entre MULHOUSE et BELFORT - A environ 6 kilomètres au nord de DANNEMARIE), où depuis la mi-décembre, il vit dans l’inaction et l’inconfort.
Il prend la route en direction de TRAUBACH (5 kilomètres d’HECKEN) pour une nouvelle attente. La neige tombe à gros flocons, le froid devient plus vif.
3ème escadron :
En pleine nuit, l’ordre arrive et à 4 heures du matin, le départ. La route est couverte de verglas, les chars chassent de tous côtés ; la neige a recouvert les fossés et, par endroits , le secours des arbres pour trouver la trace de la route. Le thermomètre est à -15° les équipages sont transis. Black-out complet; chefs de chars et conducteurs scrutent la route pour en suivre le tracé, le visage couvert de givre.
Le point de destination est la ferme LUTZELHOF, objectif conquis de la veille. Ferme fantôme qui a subi avec fruit, au cours de l'hiver, plusieurs matraques ce ne sont que pans de murs et débris calcinés.
L’ escadron est accueilli par des explosifs de 88.
Sur place, sont déjà installés dans la ferme, le PC du chef de bataillon du 6ème Régiment de Tirailleurs Marocains. Chacun profite du moindre pan de mur pour s'abriter et de la neige qui cingle, et des 88 qui arrivent de temps en temps par rafales.
NOTE : Chef de bataillon Raymond BAILFF (1904 – 1990) – Futur général de corps d’Armée. Le 3ème escadron du 2ème R.A.C. est engagé avec le 6ème R.T.M, dans CERNAY et le faubourg de BELFORT. Sources parcours de guerre du 6ème R.T.M – Éric de FLEURIAN.
Le chef de bataillon a installé son P.C. dans l'unique cave qui demeure intacte sous un bâtiment d'habitation déjà bien amoché, réduit humide et sombre les tirailleurs sont affalés et transis autour des braseros de fortune dont l'âcre fumée prend à la gorge et fait pleurer les yeux.
Il faut se cramponner aux murs car la neige amenée sous les pieds des visiteurs, forme, malgré les quelques braseros, une couche verglacée et bosselée sur laquelle on ne peut se tenir. Le Commandant est là, dans une pièce à part, assis devant la seule table qui a pu être sauvée de cet enfer ; ses adjoints dorment encore, roulés dans leurs couvertures sur cette paille humide et glacée.
Une position défensive est prévue, les chars devront être à proximités des tirailleurs dont la ligne formera un arc de cercle d'un km environ en avant de la ferme.
Un peloton de Tank Destroyers (Lieutenant BOUILLAS du 9ème Régiment de Chasseurs d’Afrique) assistera le 3ème escadron du 2ème R.C.A (Peloton BERNARD : 5 chars - Peloton SALETES : 4 chars)
NOTE : A cette date le capitaine VIÉ est en mission. L’escadron est sous le commandement du lieutenant GODARD.
Avant le lever du jour, les chars devront être placés.
La moitié du peloton T.D. et le peloton de chars tiendront les positions pendant que le reste sera maintenu en réserve à la ferme. Aux reconnaissances d'itinéraires et de positions, le terrain apparaît comme abondamment miné et, après avoir écrasé plusieurs "shuemines", un T.D. saute sur une mine anti-char.
Ci-contre le tank Destroyer mis hors de combat - CERNAY - Sources : Archives ECPAD
Des lisières où sont postés les chars, on aperçoit CERNAY et le faubourg de BELFORT. Les chars ne sont séparés que par un glacis de cinq cents mètres occupé par un fossé anti-char. Parfois, quelques Minen passent au-dessus des têtes les fameuses rafales de 88 destinées à la ferme.
Les allemands ne se montrent pas, rares sont les objectifs signalés par les tirailleurs,
Des matraquages des chars et quelques ripostes. S'avançant vers une maison abandonnée d'où semblent partir les coups, le chef DARNEAU fait 5 prisonniers qui servaient une mitrailleuse.
Les journées se passent à grelotter dans le char d'où il ne faut pas sortir à cause des mines, des obus, de la neige qui monte jusqu'aux genoux et, parce que même à la ferme il n'y a pas d'autres abris.
La nuit venue, ceux qui ont passé la journée en position vont coucher à ASPACH-LE-BAS dans une cave à paille humide où il est possible toutefois de s'allonger complètement et de se rouler dans des couvertures autour d'un brasero fumant. Détente fort appréciée. Aucune maison du village n'a été épargnée et chacun se loge comme il peut, cherchant le meilleur abri contre le froid et les obus qui, jour et nuit, ne cessent d'harceler..
Là, est installé l'échelon dont on retrouve les hommes le soir, en rangs d'oignons sous le mufle des vaches, dans une étable basse à l'atmosphère lourde et puante mais tiède.
Ceux qui ont passé la journée à la ferme y passent la nuit et couchent dans les chars. Quelle n'est pas leur surprise un matin, au réveil (pour ceux qui ont réussi à dormir) de se sentir prisonniers de leur carapace.
Les portes résistent, enfin, après un violent effort on réussit à les ouvrir c'était le poids de la neige tombée durant la nuit qui résistait. Spectacle unique la neige a entièrement recouvert les chars supprimant tout relief, plus de tourelle, plus de carcasse, une seule énorme boule de neige dont sort le canon, coiffé, lui aussi, de blanc.
Ceux qui arrivent d’ASPACH-LE-BAS pestent contre cette saleté de neige qui a effacé toute trace de chemin et les a envoyés plusieurs fois dans les fossés verglacés d'où les chars patinant, ne veulent plus sortir. Les chefs de char, malgré le froid, sont couverts de sueur pour avoir couru devant leur véhicule en pataugeant dans la neige qui leur arrive jusqu'à mi-cuisse.
SOURCES :Rédaction / Extraits de la narration - CERNAY - Ouvrage 2ème Régiment de Chasseurs d’Afrique au combat 1942 - 1945 - Bulletins de l'Amicale des vétérans du 2+ R.C.A. Parcours de Guerre 6° R.T.M Éric de FLEURIAN
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire