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1945.02.01 SCHOENENSTEINBACH



Les vestiges du hameau de SCHOENENSTEINBACH .Lieu des combats du 1er et 2 février 1945.

 Actualisation janvier 2025.

Le 1er février 1945.  Le 3° escadron sous les ordres du lieutenant GODARD (Loraine) est mis à la disposition de la 9° Division d’Infanterie coloniale. 

NOTE : Le commandement du 3° escadron est assuré par le lieutenant GODARD en l'absence du capitaine VIÉ.

Objectif: Occuper le hameau de SCHOENENSTEINBACH à WITTENHEIM.

Au cœur de l'Alsace, à  WITTENHEIM, se trouve le site du couvent cistercien de SCHOENENSTEINBACH, témoin silencieux de siècles d'histoire. l'ancien monastère est rapidement devenu un point de référence spirituel et culturel avant de fermer ses portes pendant la Révolution française. Parmi les ruines, se distingue un calvaire de 1688, l'un des plus anciens de la région. Les vestiges du couvent se trouvent aujourd'hui le long de la rue de SOULTZ .

Des éléments du 2° Zouaves portés (Compagnie FAUGERE),  un escadron (de BOIREDON) et un peloton de chars légers (GOUAILHARDOU) du 2° Cuirassiers, une section du 88ème Génie, un peloton de tank Destroyers du 9° Régiment de Chasseurs d’Afrique (De BOUILLAS) et le 3° escadron du 2°.R.C.A, vont être engagés entre PULVERSHEIM et WITTENHEIM et notamment à SCHOENENSTEINBACH.

5 heures du matin : Le peloton BERNARD du 3° escadron se déploie pour prendre la position affectée à ses chars, bien que,l'obscurité est complète il gagne sans encombre la base prescrite à savoir derrière un mur qui formait auparavant l'enceinte d'un château.

Son Objectif  premier, la corne d'un petit bois appelé le JUNGHOLTZ.

NOTE ; Peloton BERNARD : Chars Touraine- Maroc et Morbihan II

Une reconnaissance à pied ne révèle rien si ce n'est quelques mines. L'ennemi semble avoir abandonné cette importante position. Le Commandant déclare aux chefs de chars présents : "Ce sera du billard".

À 7 heures, les trois chars font le classique débouché en ligne, suivis dans leurs traces d'une section d'infanterie. Une attitude liée à la présence de nombreuses "shuemines" qui explosent sous les chenilles.

Une situation dangereuse est signalée comme étant à gauche, en fait, c'est de la droite que le premier coups atteint le Morbihan à la tourelle. Une grande gerbe d'étincelles en jaillit, il ne répond plus à la radio. le char s'arrête pile, mais ne prend pas feu.

Les deux autres chars, par un rapide mouvement vers la gauche au cours duquel, sans pouvoir déceler la provenance, voient passer au-dessus d'eux quelques boules rouges, réussissent à gagner l'abri d'un petit boqueteau.

La neige qui recouvre encore tout, ne permet pas de distinguer les accidents de terrain, bien qu' à a suite du brusque dégel, le Maroc s'enfoncera dans un bourbier jusqu'à la tourelle. une position telle qu'il ne pourra ni tirer ni observer.

Quelques instants plus tard, on voit avec joie le Morbihan qui s'ébranle et vient se placer derrière le Maroc. Pas de blessés, ses moteurs sont indemnes. Sa tourelle est endommagée, il ne peut plus tirer. 

Il essaie de remorquer le Maroc hors de son bourbier, mais cette manœuvre occasionne une rupture de ses embrayages.

Ci-contre le Morbihan II. Sources Site Chars Français

En attendant le dépannage lourd, Il ne restera plus aux équipages que d' assurer la protection des deux carcasses sous le tir ininterrompu de l'artillerie.

Le 3°et dernier char, (le Touraine) réussit à gagner les lisières du bois d'où il pourra plus facilement atteindre son objectif de tir. Pendant ce temps, notre artillerie se déchaîne sur la partie du bois d'où semblaient venir les coups.

De là, après avoir détruit au passage une mitrailleuse qui arrêtait l'infanterie, le Touraine parvient à franchr la voie ferrée "au nez et à la barbe" d'un automoteur qui, à 60 mètres de là, le prenait on enfilade.

Sur un espace de quelques mètres, plus de 50 mines anti-char et plus de 150 shuemines sont retirées au prix d'une quinzaine de morts et d'une multitude de jambes arrachées et de ventres étripés.

Un automoteur allemand se révèle à une lisière sur la droite, un des chars de soutien du 2°  Cuirassiers le tire mais se fait mettre en flammes par un autre engin que personne n'avait vu et qui se dérobe aussitôt.

NOTE ; Le Perpignan : Char du 2° Régiment de cuirassiers mis hors de combat - Lisière JUNGHOLTZ. -Maréchal des logis Gabriel SAUVAJON.

Il est 10 heures du matin.

Protégé par un violent tir d'artillerie à base de fumigènes sur toutes les lisières, le peloton SALETES part à son tour, de sa base de départ, la cité FERNAND. Il traverse d'abord le glacis qui le sépare du château. Prévenus du danger, les chars s'élancent en colonne un par un sur la route à vive allure. 

NOTA : Peloton SALETES : chars Provence - Roussillon II - Gascogne II - Savoie.

Peu avant d'arriver à la hauteur du château ils se font tirer à plusieurs reprises par le même automoteur qui a déjà touché le Morbihan. La vitesse les sauve; chaque char est frôlé par les boules rouges mais aucun n'est touché. Impossible de repérer cet apprenti tireur de malheur.

Les chars s'enfoncent dans le bois escortés par les zouaves de la compagnie FAUGERE en direction de SCHOENENSTEINBACH. La marche est difficile. Les shuemines explosent sous les chenilles dont les fantassins suivent le tracé, les arbres ploient devant les chars qui avancent prudemment ; le sol est détrempé par le dégel et l'enlisement guette.

De tous les côtés, dans les branches, pètent les explosifs. Arrivé près de la lisière,.le calme se fait, plus rien ne bouge dans le village qui n'est plus qu'à 150 mètres. Les fantassins se déploient le long des bordures. Les chefs de chars viennent à pied reconnaître le franchissement du petit ruisseau qui les sépare de cette lisière où ils prendront position pour appuyer l'assaut des fantassins.

Le ruisseau franchi péniblement et les chars positionnés, les fantassins s'élancent sur le glacis boueux qui sépare encore de l'objectif. Les 4 tubes, les 8 mitrailleuses crachent tout leur feu, quelques maisons commencent à fumer ; encore 50 mètres et les zouaves seront parvenus à leur objectif et les chars pourront s’élancer à leur tour.

Mais, tout d'un coup, de droite et de gauche, arrivent sur eux un déluge d'explosifs ; les chars Provence et le Gascogne ont chacun une chenille coupée. 

Un tué, deux blessés graves près d'eux. De nouveau, le Savoie et le Roussillon voient les infernales boules rouges les frôler. Les fantassins se sont tapis, les voilà tirés à la mitrailleuse. 

Le lieutenant BAURIN, le chef de section est tué net d'une balle en plein front et les zouaves qui sont là allongés et pour la plupart blessés à côté de lui, désignent du doigt la fenêtre d'où semblent partir les coups. Deux explosifs bien ajustés ; plus rien de ce côté. L'artillerie déverse un déluge de Minen, 88, gros calibres et terrifiants mortiers à six tubes.

Les équipages des chars touchés ont mis leur mitrailleuse à terre et s'occupent à réparer le Provence qui, seul est réparable sur place. Le Gascogne est de nouveau pris à partie aux perforants, touché à la tourelle, le voici en flammes. Impossible dans cet enfer de repérer le point de départ de tous ces coups.

Notre artillerie se déchaîne sur le village et les deux derniers chars matraquent avec rage. Probablement gênés par ces tirs, un automoteur de 75 se révèle passant d'une maison à une autre derrière laquelle il va s'abriter. Vite, des perforants... autant de coups, autant de ricochets. La riposte vient aussitôt de la droite, obligeant à un repliement de quelques mètres dans le bois.

De toutes parts tombent encore plus drus, dans un beuglement sinistre, suivi d'un épouvantable fracas, les mortiers à six tubes. Les fantassins se font décimer petit à petit et ceux qui sont encore valides désignent en criant dans les moments de silence, des objectifs à matraquer.

Tout mouvement vers l'objectif nous est interdit, dans le glacis boueux nos chars s'enliseraient ; sur la gauche, derrière un rideau d'arbres qui pourrait seul permettre le mouvement vers le village, les fantassins ont aperçu un automoteur. Sur la droite c'est le glacis immense d'où sont partis la plupart des coups qui ont touchés.

Le Provence sur le point d'être remis en état est, une nouvelle fois, pris à partie, touché à la tourelle, il flambe. Quelques instants plus tard, le Gascogne qui a pourtant déjà brûlé, est une fois de plus pris à partie. Le Touraine voulant découvrir ceux qui tirent s'avance vers la lisière, s'enlise.

Des obus de très gros calibre (au moins du 210) se mettent à tomber, les blessés affluents au Poste de secours, installé dans le château. Ils ne sont pas au bout de leurs peines car voilà un de ces monstres qui pulvérise la pièce où est le poste de secours.

Là-bas en avant, les deux derniers chars se font de nouveau tirer aux perforants qui semblent cette fois arriver en rafales et ils doivent, toujours aveuglés et impuissants, se camoufler davantage. Le Savoie s'enlise dans le ruisseau, l'eau inonde ses moteurs ; il faut, lui aussi, l'abandonner.

Le Roussillon, seul rescapé devenant inutile dans l'obscurité, reçoit l'ordre de regagner le château (P.C). Il rentre péniblement à travers bois. Les défenseurs du château, devinant ce bruit de moteurs au milieu du vacarme de l'artillerie, se croient contournés et prennent leurs dispositions pour le détruire à bout portant. Heureusement, le chef de char, précédant son char à pied, est reconnu à temps.

Le dispositif de sécurité est assuré pour la nuit par les fantassins de la 9ème D.I.C. qui viennent d'arriver.

Dehors, il s'est mis à pleuvoir, le sol n'est qu'un cloaque.

Les derniers équipages de l'escadron se réfugient dans une cavé du château où ils s'entassent pêle-mêle sur les tas de charbon et s'endorment d'un sommeil de plomb, malgré les 88 et les 210 qui continuent à tomber. Du château, il ne reste guère que soute et cave où s'entassent les P.C les différents Commandants et les propriétaires. Le sol est devenu absolument impraticable aux chars.

Dans la soirée l'ennemi est néanmoins, contraint d'abandonner sa position, non sans continuer à pilonner avec son artillerie.

Quelques jours plus tard, nos chars enlisés récupérés, nous reprenons cette même route vers PULVERSHEIM et saluons au passage les cadavres de nos deux chars arrêtés à la lisière du bois devant ce qui fut, SCHOENENSTEINBACH.

Stèle commémorative de SCHOENENSTEINBACH. En souvenir des combattants du 2°Zouave, du 2° RCA - 9ème  RCA - 88° Génie de la 1ère  Division Blindée  les 1er  et 2 février 1945 et des habitants du hameau tués lors de ces combats.

Collection privée Richard KLARZYNSKI. Président du cercle Généalogique et d'histoire de la HARDT. 

Le bilan des combats de SCHOENENSTENBACH et de WITTENHEIM est terrible;  trente deux tués pour le bataillon de zouaves portés. Trois pour les 2° & 9° R.C.A, 88° du Génie. Neuf habitants du hameau.

Dix neuf identifiés : Bases listes nominatives " Mémoires des hommes. Ministères des armées -  Monument de ROSENEAU (68) 1°Division Blindée. Ouvrage 2° R.C.A au combat - Association Amicale des vétérans du régiment.

BERNARD Marceau (2° R.C.A) - BENSLIMANE Bridah . BAURIN Gilbert. DUMAS Marcel. MAS Grégoire.  BATAILLE François. AGUILAR Antoine. HUOT MARCHAND Jean. MIZOUNI Ben Tayeb. LAZREG Abdelkader.  MAURICE Robert. RUTHY Lucien (2ème BZP). 

A l'hopital de MULHOUSE des suites des blessures: MONCADA Raymond - KHATIRI Quassimi - LARIBI Miloud - CHAABI Djilali Ben Abdelkader - RIMA Bouziane - MICHEL Gérard - PRUNIER Jacques (2ème BZP) - 

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