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1945.02.01 SCHOENENSTEINBACH


Les vestiges du hameau de SCHOENENSTEINBACH .Lieu des combats du 1er et 2 février 1945.

 Actualisation Janvier 2025.

Le 1er Février 1945.  Le 3ème escadron sous les ordres du lieutenant GODARD  est mis à la disposition de la 9ème Division d’Infanterie coloniale. Il a pour mission d’occuper le hameau de SCHOENENSTEINBACH (un ancien couvent cistercien) proche de WITTENHEIM).

NOTE : Char du lieutenant GODARD : Lorraine.

Il a comme appui des éléments du 2ème Zouaves portés, (Compagnie FAUGERE), un peloton de tank Destroyers du 9ème Régiment de Chasseurs d’Afrique (De BOUILLAS) et un peloton du 1er escadron (chars légers)

Une section du 88ème Génie et un escadron du 2ème cuirassiers (De BOIREDON) se joindront au détachement lors des terribles combats de SCHOENENSTEINBACH.

5 heures du matin : Le peloton BERNARD part prendre sa position. L'obscurité est complète et il gagne sans encombre sa base de départ qui est derrière un mur qui forme l'enceinte d'un château. Son Objectif la corne d'un petit bois appelé le JUNGHOLTZ.

NOTE ; Peloton BERNARD : Chars Touraine- Maroc - Morbihan II

Une reconnaissance à pied ne révèle rien si ce n'est quelques mines. L'ennemi semble avoir abandonné cette importante position. Le Commandant déclare aux chefs de chars présents : "Ce sera du billard".

À 7 heures, les trois chars font le classique débouché en ligne, suivis dans leurs traces, à cause des nombreuses "shuemines" (qui explosent sous les chenilles) d'une section d'infanterie

La direction dangereuse nous est signalée comme étant sur notre gauche. En fait, c'est de la droite que nous recevons le premier coup qui atteint le Morbihan à la tourelle. Il s'arrête pile, une grande gerbe d'étincelles en jaillit, il ne répond plus à la radio mais ne prend pas feu.

Les deux autres chars, par un rapide mouvement vers la gauche au cours duquel, d'ailleurs, ils voient passer au-dessus d'eux quelques boules rouges, sans pouvoir en déceler la provenance, réussissent à gagner l'abri d'un petit boqueteau.

La neige qui recouvre encore tout, ne permet pas de distinguer les accidents de terrain, et par suite du brusque dégel, le Maroc s'enfonce dans un bourbier jusqu'à la tourelle. Il se trouve alors dans une position telle qu'il ne peut ni tirer ni observer.

Quelques instants plus tard, on voit avec joie le Morbihan qui s'ébranle et vient se placer derrière le Maroc. Pas de blessés, ses moteurs sont indemnes. Sa tourelle est endommagée, il ne peut plus tirer. Il essaie de remorquer le Maroc hors de son bourbier, mais cette manœuvre occasionne une rupture de ses embrayages.

Ci-contre le Morbihan II. Sources Site Chars Français

Il ne restera plus aux équipages qu'à assurer la protection des deux carcasses sous le tir ininterrompu de l'artillerie en attendant le dépannage lourd.

Le 3ème et dernier char, le Touraine réussit à gagner les lisières du bois d'où il pourra plus facilement atteindre son objectif. Pendant ce temps, notre artillerie se déchaîne sur la partie du bois d'où semblaient venir les coups.

Le Touraine parvient à la corne de bois après avoir détruit au passage une mitrailleuse qui arrêtait l'infanterie et franchit la voie ferrée "au nez et à la barbe" d'un automoteur qui, à 60 mètres de là, la prenait on enfilade.

Pendant ce temps, le génie, pris sous un violent tir d'artillerie, démine la route qui devra livrer le passage au peloton SALETES.

NOTA : Peloton SALETES : chars Provence - Roussillon II - Gascogne II - Savoie.

Sur un espace de quelques mètres, plus de 50 mines anti-char et plus de 150 shuemines sont retirées au prix d'une quinzaine de morts et d'une multitude de jambes arrachées et de ventres étripés.

Un automoteur allemand se révèle à une lisière sur la droite, un des chars de soutien du 2ème  Cuirassiers le tire mais se fait mettre en flammes par un autre char que personne n'avait vu et qui se dérobe aussitôt.

NOTE ; Le Perpignan : Char (Tank Destroyers) du 9ème Régiment de Chasseurs d’Afrique mis hors de combat 

L'épave du PERPIGNAN - Lisière JUNGHOLTZ. -Maréchal des logis Gabriel SAUVAJON - 2° Régiment de Cuirassiers.

Il est 10 heures du matin.

Protégé par un violent tir d'artillerie à base de fumigènes sur toutes les lisières, le peloton SALETES part de sa base de départ, la cité FERNAND. Il doit traverser d'abord le glacis qui le sépare du château. Prévenus du danger, les chars s'élancent en colonne par un sur la route à vive allure. Peu avant d'arriver à la hauteur du château ils se font tirer à plusieurs reprises par le même automoteur qui a déjà touché le Morbihan. 

La vitesse les sauve ; chaque char est frôlé par les boules rouges mais aucun n'est touché. Impossible de repérer cet apprenti tireur de malheur. Et les chars s'enfoncent dans le bois escortés par les zouaves de la compagnie FAUGERE en direction de SCHOENENSTEINBACH.

La marche est difficile. Les shuemines explosent sous les chenilles dont les fantassins suivent le tracé, les arbres ploient devant les chars qui avancent prudemment ; le sol est détrempé par le dégel et l'enlisement guette. De tous les côtés, dans les branches, pètent les explosifs. Arrivé près de la lisière en vue de l'objectif. Le calme se fait, rien ne bouge dans le village qui n'est plus qu'à 150 mètres. Les fantassins se déploient le long de la lisière. Les chefs de chars viennent à pied reconnaître le franchissement du petit ruisseau qui les sépare de cette lisière où ils prendront position pour appuyer l'assaut des fantassins.

Le ruisseau franchi péniblement et les chars placés, les fantassins s'élancent sur le glacis boueux qui sépare encore de l'objectif. Les 4 tubes, les 8 mitrailleuses crachent tout leur feu, quelques maisons commencent à fumer ; encore 50 mètres et les zouaves seront parvenus à leur objectif et les chars pourront s’élancer à leur tour.

Mais, tout d'un coup, de droite et de gauche, arrivent sur eux un déluge d'explosifs ; les chars sont également tirés, le Provence et le Gascogne ont chacun une chenille coupée. Un tué, deux blessés graves. De nouveau, le Savoie et le Roussillon voient les infernales boules rouges les frôler. Les fantassins se sont tapis, les voilà tirés à la mitrailleuse. 

Le lieutenant BAURIN, le chef de section est tué net d'une balle en plein front et les zouaves qui sont là allongés et pour la plupart blessés à côté de lui, désignent du doigt la fenêtre d'où semblent partir les coups. Deux explosifs bien ajustés ; plus rien de ce côté. L'artillerie déverse un déluge de Minen, 88, gros calibres et terrifiants mortiers à six tubes.

Les équipages des chars touchés ont mis leur mitrailleuse à terre et s'occupent à réparer le Provence qui, seul est réparable sur place. Le Gascogne est de nouveau pris à partie aux perforants et, touché à la tourelle, le voici en flammes. Impossible dans cet enfer de repérer le point de départ de tous ces coups.

Notre artillerie se déchaîne sur le village et les deux derniers chars matraquent avec rage. Probablement gênés par ces tirs, un automoteur de 75 se révèle passant d'une maison à une autre derrière laquelle il va s'abriter. Vite, des perforants... autant de coups, autant de ricochets. La riposte vient aussitôt de la droite, obligeant à un repliement de quelques mètres dans le bois.

De toutes parts tombent encore plus drus, dans un beuglement sinistre, suivi d'un épouvantable fracas, les mortiers à six tubes. Les fantassins se font décimer petit à petit et ceux qui sont encore valides désignent en criant dans les moments de silence, des objectifs à matraquer.

Tout mouvement vers l'objectif nous est interdit, dans le glacis boueux nos chars s'enliseraient ; sur la gauche, derrière un rideau d'arbres qui pourrait seul permettre le mouvement vers le village, les fantassins ont aperçu un automoteur. Sur la droite c'est le glacis immense d'où sont partis la plupart des coups qui ont touchés.

Le Provence sur le point d'être remis en état est, à nouveau, pris à partie et touché à la tourelle, il flambe. Quelques instants plus tard, le Gascogne qui a pourtant déjà brûlé, est une fois de plus pris à partie et très endommagé. Le Touraine voulant découvrir ceux qui tirent s'avance vers la lisière et s'enlise.

Des obus de très gros calibre (au moins du 210) se mettent à tomber, les blessés affluents au Poste de secours, installé dans le château. Ils ne sont pas au bout de leurs peines car voilà un de ces monstres qui pulvérise la pièce où est le poste de secours.

Là-bas en avant, les deux derniers chars se font de nouveau tirer aux perforants qui semblent cette fois arriver en rafales et ils doivent, toujours aveuglés et impuissants, se camoufler davantage. Le Savoie s'enlise dans le ruisseau, l'eau inonde ses moteurs ; il faut, lui aussi, l'abandonner.

Le Roussillon, seul rescapé devenant inutile dans l'obscurité, reçoit l'ordre de regagner le château. Il rentre péniblement à travers bois. Les défenseurs du château, devinant ce bruit de moteurs au milieu du vacarme de l'artillerie, se croient contournés et prennent leurs dispositions pour détruire à bout portant. Heureusement, le chef de char, précédant son char à pied, est reconnu à temps.

Le dispositif de sécurité est assuré pour la nuit par les fantassins de la 9ème D.I.C. qui viennent d'arriver.

Dehors, il s'est mis à pleuvoir, le sol n'est qu'un cloaque.

Les derniers membres de l'escadron se réfugient dans une cavé du château où ils s'entassent pêle-mêle sur les tas de charbon et s'endorment d'un sommeil de plomb, malgré les 88 et les 210 qui continuent à tomber.

Du château, il ne reste guère que soute et cave où s'entassent les P.C les différents Commandants et les propriétaires. Le sol est devenu absolument impraticable aux chars. Dans la soirée l'ennemi est contraint d'abandonner la position, non sans continuer à pilonner avec son artillerie.

Quelques jours plus tard, avec nos chars enlisés récupérés, nous reprenons cette même route vers PULVERSHEIM et saluons au passage les cadavres de nos deux chars arrêtés à la lisière du bois devant ce qui fut SCHOENENSTEINBACH.

Stèle commémorative de SCHOENENSTEINBACH. En souvenir des combattants du 2ème Zouave, du 2ème  RCA - 9ème  RCA - 88ème Génie de la 1ère  Division Blindée  les 1er  et 2 février 1945 et des habitants du hameau tués lors de ces combats.

Collection privée Richard KLARZYNSKI. Président du cercle Généalogique et d'histoire de la HARDT. 

Combats de SCHOENENSTENBACH . Une perte énorme en hommes : 32 pour le seul Bataillon de Zouaves portés, 3 pour le 2ème RCA – 88ème Génie et 2ème cuirassiers – 9 habitants du hameau.

Recherche. 19 identifiés : Bases listes nominatives " Mémoires des hommes. Ministères des armées / monument 1ère Division Blindée. ROSENAU (68)

BERNARD Marceau Georges (2ème RCA) - BENSLIMANE Bridah (2ème BZP) - BAURIN Gilbert (2ème BZP)  - DUMAS Marcel  (2ème BZP) - LAZREG Abdelkader (2ème BZP) - MAS Grégoire (2ème BZP). 

A WITTENHEIM: BATAILLE François Louis (2ème BZP) - MAURICE Robert   (2ème BZP) - AGUILAR Antoine  (2ème BZP) -   HUOT MARCHAND Jean  (2ème BZP) -   MIZOUNI Ben Tayeb (2ème BZP) - RUTHY Lucien (2ème BZP).

A MULHOUSE (Hôpital - sous réserve): MONCADA Raymond  (2ème BZP) - KHATIRI Quassimi (2ème BZP) - LARIBI Miloud (2ème BZP) - CHAABI Djilali Ben Abdelkader (2ème BZP) - RIMA Bouziane (2ème BZP) - MICHEL Gérard Émile (2ème BZP).- PRUNIER Jacques (2ème BZP) - 

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