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1945.04.17 OHLSBACH.


Char Fontenoy : Collection privée Alfred DESAIRE – 4ᵉ escadron.

Actualisation janvier 2025

17 avril 1945. La veille, le groupement avait stoppé son attaque sur OHLSBACH devant une pluie de 88 et de Minen.

Alors que le détachement PETIT est arrêté devant la résistance allemande à NONNENWEIER (8 km environ au sud-ouest de KURZELL), de LEPINAY est en soutien des coloniaux dans le secteur de la localité de la LAHR.

Avec le 2ᵉ escadron, il pousse jusqu’aux lisières de BERGHAUPTEN  via EGELSWEIER, tandis que le 4ᵉ escadron fait la même opération sur la route d’OHLSBACH, où le char Heilsberg gît encore en bordure de la voie, incliné sur le flanc.

OHLSBACH. Récit.

Nous sommes sur les arrières de la ligne SIEGFRIED et « Monsieur FRITZ » semble vouloir s’y défendre ; mais l’opération a été minutieusement préparée. 

Le verrou sud de la coulée qui offrait une grande résistance a été enlevé dans la matinée et ouvre maintenant le flanc droit. 

Le capitaine FOUGERE, avec sa compagnie de zouaves, gardera le flanc gauche tout en progressant au travers des bois.

L’attaque sera menée par le peloton du sous-lieutenant COQUILLEAU sur l’axe et le peloton du lieutenant COQUART sur un chemin parallèle, longeant la crête nord : elle sera appuyée par le peloton du lieutenant HAENTJENS dont deux chars sont grimpés au château et dominent le champ de bataille.

Vers 15 heures, l’artillerie cesse sa préparation et, sous un violent tir de Minen, les pelotons débouchent, le champ de bataille s’anime. Soudain le Fribourg tombe nez à nez avec un 88 ; déjà, il pointe son tube et s’apprête à cracher quand les servants s’affolent et lèvent les bras. Quelques mètres plus loin, une mine fait sauter son train de roulement et l’immobilise.

« Allez en avant, JOLLET » crie le chef de peloton et, automatiquement, le Fontenoy double et prend la tête sur le chemin. 

On dirait que la série noire commence, car, presque en même temps, deux coups de 88 Flack frappent le char du lieutenant ; un obus, passant entre les deux conducteurs, crible ces derniers d’éclats et blesse grièvement le chef de char à la jambe ; le Denain est, lui aussi stoppé.

Resté seul, sans ordre, dans la nature avec le Fontenoy, le Prague appelle le chef de peloton voisin.

« Allo, François, que se passe-t-il. J’appelle Raoul et il ne répond pas ? »

« Allo, WEISS, Raoul vient d’être touché et je n’ai aucun détail »

« Allo François, compris »

Alors, poursuivant la mission, ils entrent tous les deux dans le village couvert de zouaves qui nettoient les premières maisons.

Le Fontenoy (chef de char DESAIRE Alfred) est mis hors de combat à OHLSBACH.

Sources : Olivier, fils d’Alfred DESAIRE chef de char du Fontenoy, 

Photographie du Fontenoy. Collection privée de DESAIRE Alfred.

Du château où ils sont embossés, les équipages de l’Austerlitz et du Rivoli suivent le drame ; ils prennent à partie les nids de résistance, détruisant jusqu’aux clochers qui leur paraissent suspects. À la jumelle, le lieutenant voit nettement dans le lointain, les lueurs des gros calibres ennemis et les signale au PC du capitaine.

Par une coïncidence assez étrange, le peloton qui manœuvre sur l’axe, joue lui aussi de malchance ; au cours d’un bond, la Mortagne vient de sauter sur une mine.

Épave de la Mortagne. Sources Chars français - Administrateur Antoine MISNER

À l’entrée d’OHLSBACH, le char, les Flandres III agonise, le flanc ouvert, un coup de « 88 » parti de sa droite, l’a mis en feu.

Dans la tourelle, le tireur, un pied broyé, s’efforce de sortir des flammes, aidé par son chef de char, cependant que les autres conducteurs blessés sautent à terre.

Mais derrière eux les camarades sont là ; à cent mètres de leur char en flammes, dans un coin d’herbe, le regard rivé sur cette torche vivante, ils ne pensent pas à leurs blessures, ne se soucient pas de la maison qui flambe auprès d’eux, de ce brasier qui leur brûle le visage… ils ne voient que les Flandres et le bruit des obus qui explosent dans la tourelle leur déchire le cœur.

Aux dernières lueurs du jour, le Marengo et le Castiglione ont pu se glisser, eux aussi, dans le village.

Déjà la vengeance fait son œuvre et le bruit des gros lourds qui nettoient, le fracas des poutres rongées par le feu s’écroulant sous une gerbe d’étincelles, le crépitement des mitrailleuses, témoignent de la colère de ceux qui ont vu.

Dans OHLSBACH, le Prague et Le Fontenoy sèment la terreur, détruisant un canon de 20 qui vient de manquer son but, incendiant bon nombre de maisons et facilitant ainsi le travail des zouaves.

L’Austerlitz et le Rivoli qui viennent d’arriver, achèvent le nettoyage.

Enfin, la nuit venue, le village est pris et l’escadron s’installe rapidement entre deux points d’appui. La lueur des immenses flammes qui s’élancent de toutes parts vers le ciel mêlées au bruit des arrivées amies qui déchirent l’air en encageant les positions, offrent un tableau saisissant ; c’est une vraie pluie de fer et de feu et le calme repos des gars harassés de fatigue contraste étrangement avec les hurlements de l’ennemi pris au piège. 

Sources ; Ouvrage 2ᵉ régiment de Chasseurs d'Afrique au combat 1942 -1945.

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