20241231

1942 8 Novembre. Débarquement Afrique du Nord - MERS EL KEBIR



Situé à quelques encablures à l'ouest d'ORAN, MERS EL KERBIR fut pendant longtemps un petit port de pêche..
Son emplacement est privilégié, protégé par un abri naturel, il offre de surcroît  des fonds marins d'une trentaine de mètres.
En 1935, la France va construire l'une de ses principales base navales. les 3 juillet 1940 et 8 novembre 1942, le port de MERS EL KEBIR entre dans l'histoire.

Actualisation 30 Avril 2023.

3 Juillet 1940 - Rade de MERS EL KEBIR (Algérie).

La flotte française stationnée en Afrique du Nord refuse de céder à l’ultimatum anglais qui lui propose de gagner soit un port britannique soit un port neutre est coulée sur place par les anglais.

Un petit nombre de navire parviendra ultérieurement à rejoindre TOULON. 

8 Novembre 1942 - CASABLANCA (Maroc) - ORAN  - MERS EL KEBIR - ALGER (Algérie).

Les forces anglo-américaines (200 bâtiments de guerre, 110 navires de transport, 107 000 hommes et d’une importante couverture aérienne) entendent s’emparer de l’Afrique du Nord : Opération TORCH.

NOTE : Opération TORCH

Les conséquences heureuses de ce débarquement permirent à la France de voir sa petite armée d’armistice se transformer en 1ère Armée Française appelée aussi Armée d’AFRIQUE, grâce à la mobilisation de tous les français d’AFRIQUE du Nord et à l’arrivée des évadés de France.

Comment oublier l’équipement moderne que les américains vont lui fournir pour moderniser l’Armée.

Cette transformation va influer un moral de revanchard et de vainqueur qui étonna non seulement les américains en Italie, mais aussi les allemands eux-mêmes partout où elle va combattre.

Ce fut un tournant important de la guerre puisque les allemands et italiens chassés d’AFRIQUE du Nord en mai 1943, vont subir peu après l’invasion des armées alliées dont l’armée du maréchal JUIN qui va se couvrir de gloire, en Italie.

Le dimanche 8 novembre 1942, le 4°escadron du 2ème RCA auquel je venais d’être 

affecté, était stationné à AIN TEMOUCHENT, agréable petite ville d’Oranie.

J’étais sous-officier de semaine et je me préparais à rejoindre le quartier aux environs de sept heures du matin quand un agent de liaison arriva à mon domicile, tout essoufflé, m’annoncer que les américains avaient débarqué au MAROC, à ORAN et à ALGER.

J’ai immédiatement pensé que c’était une guerre qui commençait, car l’Armée Française qui avait reçu la mission de défendre les possessions françaises d’AFRIQUE contre tout envahisseur, ne pouvait pas, sans perdre son honneur refuser le combat, même si de cœur, elle avait une très grande sympathie pour les américains. J’avais déjà revêtu ma tenue du dimanche, (culotte de cheval et bottes) aussi, je ne me changeai pas pour rejoindre immédiatement le quartier. Nos officiers arrivèrent peu après et notre capitaine, ayant reçu sans doute des ordres décida de défendre AIN  TEMOUCHENT. Nouvellement affecté à l’escadron, je ne connaissais pas grand monde et lorsque je reçu l’ordre d’aller défendre la sortie Nord de la ville avec un groupe F.M, je fis alors la connaissance d’ANTONI Mathieu qui était le chef du groupe F.M. Il était, je crois brigadier ou brigadier-chef. Je sympathisai immédiatement avec lui.

Arrivée à la sortie de cette localité, à l’endroit que l’on nous avait désigné, ne trouvant pas cette position propice pour notre mission, nous changeâmes d’emplacement pour nous installer hors du village afin d’avoir des vues et des possibilités de tirs plus étendus, et nous attendîmes les événements.

En attendant, l’escadron avait reçu de nouveaux ordres, (se porter à AIN EL ARBA) et l’agent de liaison chargé de nous apporter l’ordre de rejoindre l’escadron ne nous trouva pas de suite, ce qui nous valut les reproches justifiés du lieutenant qui avait fixé notre emplacement.

L’escadron avait reçu la mission de barrer la route aux américains à hauteur de AIN EL ARBA.

Arrivés sur place, je reçus l’ordre d’installer notre F.M derrière des meules de paille qui nous masquaient des vues d’observation et de tirs efficaces ce que j’acceptai mal, et cela provoqua une nouvelle altercation avec cet officier de réserve.

Pendant trois jours nous attendîmes de pied ferme les américains qui, heureusement ne vinrent pas.

Seuls, quelques avions américains nous survolaient. Nous les prenions pour cibles avec notre armement individuel… mais évidemment sans résultat !


Nous espérions bêtement, nous frotter aux américains quand, le troisième jour, une AM. M8 (auto mitrailleuse américaine) ayant à son bord un officier portant un drapeau blanc, vint nous informer que la guerre était terminée depuis la veille et que le général GIRAUD, notre commandant en chef, nous priait de rejoindre nos casernements.

AM-M8 Musée de la résistance.

C’est ainsi, qu’à la fois penauds mais satisfaits, nous rejoignîmes notre cantonnement d’AIN TEMOUCHENT.

Une épreuve nous y attendait… En effet… nous dûmes déposer toutes nos armes sur une bâche dans un garage extérieur au quartier et rester consignés dans ce dernier. 

Ce fut très dur à accepter.

Nous n’avions donc pas combattu, et notre fierté atteinte car nous avions appris que les autres escadrons du régiment avaient été engagés particulièrement à MISERGHIN et à SAINTE BARBE DU TLETAT.

Nous avions perdu plusieurs chars (notre camarade DENIER Paul y perdit d’ailleurs son premier char) et nous avions eu des blessés et des tués dont deux officiers, les capitaines 
HAPETTE et  DUBUISSON.

Cimetière de Mers el Kébir.

NOTE : Saint MARTIN HAPETTE (1904-1942) - Base nominative des décès du régiment (Rubrique du blog).
DUBUISSON (Recherche infructueuse sur le site Mémoires des Hommes - Ministère de la défense).

Heureusement, notre consigne ne dura pas. Dix jours plus tard, notre armement nous fut rendu et nous partîmes pour la TUNISIE combattre les allemands et les italiens, côte à côte avec les américains.

De gauche à droite : FABRE 3° - SAUTERON Marcel 5° -  FLOUS René 7° - Trois chasseurs identifiés. Photo 1942

Notre matériel et notre armement étaient vétustes.

Faute d’essence, nos camions que nous faisions fonctionner avec de l’alcool avant le débarquement, acceptèrent difficilement leur carburant d’origine et les pannes d’alimentation étaient nombreuses.

Si notre armement individuel était relativement bon, l’armement collectif telle que la mitrailleuse HOTCHKISS était plutôt démodée à côté des mitrailleuses allemandes MG ou américaines de 30.

Quant à notre habillement, il n’avait guère changé depuis la guerre de 1914/1918.

SOURCES : Mémoires de PENICHOT Robert - Membre du 1er Escadron - Président - Fondateur de l’Association des anciens et de l’Amicale des Vétérans du 2ème Régiment de Chasseurs d’Afrique - Bulletin de l’Association Janvier 2003.