20241219

1945.02.05 SAINTE CROIX EN PLAINE


Actualisation Janvier 2025

05 Février 1944. Le groupement de LEPINAY parvient à UNGERSHEIM sans avoir livré de combat.

Quant au 4ème escadron  (Groupement DEWATRE), après s’être porté sur MEYENSHEIM, sans désemparer, le peloton COQUART et le peloton d'A.M. poussent vers le nord en direction SAINTE-CROIX-EN-PLAINE 

Une petite colonne se forme aussitôt trois A.M. et deux half-tracks, chargés de zouaves, les chars des maréchaux des logis WEISS (Castiglione) et LAROCHE (Rivoli) derrière, prêts à ouvrir le feu sur toute résistance ennemie.

Viennent ensuite les chars du lieutenant COQUARD (Phillipsburg), du chef HENGY (Fribourg) et du maréchal des Logis ARNOLD (Prague).

Sur la route, A.M. et half-tracks se traînent.. le Castiglione, double, accélérateur au plancher.

Le groupe de chars fonce vers l'inconnu dépassant ces camarades trop lents.

Au travers des périscopes, les équipages voient devant eux un immense ruban gris qui s'étire sans fin, tout droit, sur 5 kilomètres de long, vers SAINTE-CROIX¬-EN-PLAINE.

De grands arbres squelettiques jalonnent la route, de chaque côté d'immenses champs dénudés et boueux, hérissés de tas de fumier ne se terminant qu'à l'horizon, de multiples traces partant des villages voisins, marquent la fuite éperdue des colonnes ennemies. Des cadavres jonchent le sol et, sur les bas-côtés, des voitures incendiées indiquent que les obus ont fait bonne besogne.

Dans la tourelle, le chargeur, s'affaire à régler sa mitrailleuse qui ne marche pas à son gré. L'œil tissé à sa lunette, la main sur la commande électrique de tourelle, le tireur, scrute le terrain. Jumelle aux yeux, le chef du Castiglione observe.

Et tout à coup, ce paysage sinistre et lugubre s'agite. Sur la droite, telle une volée de moineaux, une quarantaine d’allemands s'éparpillent dans toutes les directions.

Mais la garde était bonne et ils n'ont pas sitôt bougé que les mitrailleuses crépitent et le canon aboie. Les balles rattrapent, les obus les hachent et, en quelques instants, plus un n'est en état de se relever.

On dirait que ces premières rafales ont réveillé la plaine endormie. Les tas de fumier s'animent, s'agitent. Les bas-côtés remuent, il semble que soudain s’est ouvert une fourmilière.

Calmement, comme à l'exercice, le tireur et l’aide conducteur rivalisent de précision, tout en roulant, moteur emballé. Jamais il n’a roulé si vite.

La mitrailleuse de tourelle s'enraye aussitôt elle est remplacée par celle de capot et réparée en vitesse. Le tir continue, rapide, haché. Les boîtes de bandes de mitrailleuses se vident aussitôt placées, ils brûlent plus de 6 000 cartouches.

Et le groupe de chars roule, roule toujours. Le ruban gris est interminable.

SAINTE CROIX EN PLAINE : Char non identifié - Épave.- Collection privée Gilles FEBREL

Brusquement un même étau étreint les cœurs. Tous au même instant ont vu, à 1 200 mètres, un point noir mais ce point noir a une allure sinistre. Instinctivement chacun se tourne vers le chef de char, attend de lui une décision ; Très calmement, après un rapide coup de jumelle, l'ordre est lancé, impératif "Fonce, fonce".

Malgré lui, le conducteur a de la peine à appuyer sur l'accélérateur, l’aide conducteur est suspendu à son périscope, le tireur l'œil toujours rivé à sa lunette sent de grosses gouttes de sueur perler à son front., le second tireur a rapidement chargé un 75 perforant et observe de tous ses yeux.

La présence du Rivoli derrière eux les rassure cependant un peu. Le point noir grossit démesurément dans les appareils de visée. A chaque instant, ils s'attendent à voir jaillir la longue flamme sournoise d'un 88.

Et le char fonce, à tombeau ouvert.

Tout à coup, à 500 mètres, un cri jaillit de la caisse. C'est l’un des tireurs qui, se libère brusquement d'un poids énorme exulte sa joie.

"Ce n'est qu'une voiture brûlée".

"Fonce, fonce" ordonne WEISS et le char fonce.

Le ruban gris finit par tourner et à 300 mètres de là, les premières maisons de SAINTE-CROIX-EN-PLAINE apparaissent.

Au milieu de la route, un alsacien fait, avec deux drapeaux français, de grands signes pour leur indiquer qu'ils peuvent rentrer dans le village.

Ils n'y trouvent aucun élément des troupes alliées, mais essuient un tir très violent de l'artillerie américaine. Le Castiglione qui avait ralenti, repart à belle allure et va aussitôt s'embosser au carrefour principal.

Quelques secondes après, le Rivoli était là au milieu d'une foule délirante.

Extrait ouvrage 2ème Régiment de Chasseurs d'Afrique 1942 - 1945. Narrateur inconnu.

NOTE: Le détachement est parvenu à SAINTE CROIX EN PLAINE à 13h15, après avoir capturé 200 prisonniers. Une unité alliée devait rejoindre t initialement les éléments du groupement 

À gauche : Le RIVOLI à MEYENHEIM (Collection privée CHERBE Joseph. À droite : Le RIVOLI à SAINTE CROIX EN PLAINE. Source : Le 2° RCA au combat 1942-1945


Prisonniers allemands par le 2° RCA route de MEYENHEIM et SAINTE CROIX EN PLAINE. Source : 2° RCA au combat 1942-1945.

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